Le décès de Roger Diamantis (St André des Arts)

Nous venons d’apprendre le décès de Roger Diamantis que les cinéphiles parisiens connaissent bien.

En effet, il avait fondé en 1971 l’une des salles majeures du Quartier Latin à Paris : le Saint-André-des-Arts. Cette salle est situé 30, rue Saint-André-des-Arts et 12, rue Gît-le-Cœur dans le 6e arrondissement  de Paris.

On se souvient y avoir vu India Song de Marguerite Duras, Faux Mouvements de Wim Wenders et bien sur de nombreux Bergman que Diamantis a projeté pendant de nombreuses années, c’était même devenu une blague entre cinéphiles !

Alors bien sur, le rapport entre Marcel Carné ou l’Age d’Or du Cinéma Français avec Roger Diamantis n’est pas très évident. Mais il dirigeait l’une des rares salles d’Art-et-Essai indépendante à Paris. Il s’agissait vraiment d’une salle emblématique de ce quartier de Paris, symbole de la cinéphilie connu des amateurs dans le monde entier. De plus, en ces temps où la notion du Cinéma est en complète révolution avec l’émergence du numérique et  la suprématie de l’industrie sur l’artistique, il était rassurant de savoir qu’il y avait encore des irréductibles parmi les exploitants qui croyaient en cette notion absolue de l’artisanal au cinéma. Il en reste peu.

Serge Toubiana sur son blog écrit :

Ces dernières années, Roger Diamantis ne cachait plus sa mélancolie, sa tristesse de voir le Quartier latin se transformer en quartier de fringue et de mal bouffe, devenir l’ombre de ce qu’il fut. Il voyait aussi le mouvement Art et Essai s’affaiblir du fait de l’hyper concentration de la distribution et de l’exploitation des films, souvent résigné de ne pouvoir obtenir des films qu’il aimait pour les exposer sur ses écrans. S’il tenait bon, le cœur n’y était plus.

Le 8 juin 1996, il déclarait à Michel Guilloux dans l’Humanité  (relève Jean Roy, le critique cinéma de l’Humanité) :

« Le Saint-André-des-Arts existe depuis vingt-cinq ans. Les trois salles sont bien situées, dans une rue passante. Il ne leur manque que les films. Je suis pris en sandwich – c’est le mot qui convient à l’heure du fast-food et du « fast movie » – par les deux multiplexes qui viennent d’ouvrir aux Halles et à Montparnasse… J’ai été le premier à montrer le premier film de Stephen Frears, mais on me refuse son dernier… De même pour Mike Leigh… »

Citons également ce passage de l’hommage paru dans Libération :

Totalement indépendant puisque propriétaire à 100% des lieux, il a participé plus qu’aucun autre à la définition de ce que l’on appelait le cinéma de recherche, attaqué de tous côtés par la multiplication d’officines commerciales moins soucieuses de protéger les films et leurs auteurs. Il constatait à juste titre : «Dans les années 50-60, nos salles attiraient en grand nombre des spectateurs qui avaient le goût de l’art et essai. Maintenant, il y en a encore qui ont le goût de l’art, mais très peu qui ont gardé le goût de l’essai…» Jusqu’au bout, il a refusé dans ses salles les cartes illimitées ainsi que la pub.

Avec la mort de Diamantis, figure à la fois mélancolique et ferme, c’est une conception artiste et artisanale qui s’évapore.

Et c’est justement cette conception artisanale du Cinématographe qui nous émeut toujours et la raison pour laquelle nous voulions rendre hommage à Roger Diamantis sur ce blog.

Il avait 78 ans.

(c) cityvox

(c) cityvox

p.s

En 2005, Elise Girard lui avait consacré un documentaire Roger Diamantis ou la vraie vie.

La dépêche d’Allo Cine, celle de Liberation, le post de Serge Toubiana, l’article de Jean Roy dans l’Humanité, l’hommage officiel de Bertrand Delanoé le Maire de Paris.

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