Article paru dans le numéro 304 daté du 02 mai 1951 de l’Ecran Français.
« Un des comédiens les plus populaires du cinéma français Jules Berry nous quitte »
Le 23 avril, à 6 h. 25 du matin, Jules Berry est mort a l’hôpital Broussais, où il était en traitement depuis quelques jours.
Avec lui disparait un comédien de grand talent, un comédien-né. Il était de la race des purs, et le cinéma français, depuis vingt ans, fit fréquemment appel à son étourdissante personnalité.
En vingt ans, il tourna plus de cent films, parmi lesquels il faut citer Mon coeur et ses millions, Le Crime de Monsieur Lange, Le Mort en fuite, Le Jour se lève, Les Visiteurs du soir, Le Voyageur de la Toussaint, Marie-Martine, Etoile sans lumière, Messieurs Ludovic, Si Jeunesse savait, Le Portrait d’un assassin, etc.
Le pittoresque de son personnage, tous les journaux l’ont souvent évoqué. Berry savait amuser aussi bien dans la vie que sur une scène. On connaissait toujours sa dernière histoire de course ou de baccara. Et l’on racontait une fois de plus qu’il avait improvisé sur scène. Ou bien l’on répétait ce qu’il déclara un jour à un auteur qui lui reprochait de ne pas être fidèle au texte :
– Je ne récite pas votre texte, je l’interprète !
Il était né le 9 février 1883 à Poitiers et son père était un pauvre quincailler qui ne comprenait pas que son fils veuille faire du théâtre. Jules Paufichet, qui choisit le pseudonyme de Berry, fut recalé trois fois au Conservatoire ; mais à l’Ambigu, en 1908, il se faisait déjà remarquer pour la qualité et le brio de son interprétation. Il avait vingt-cinq ans. Pendant de longues années, il fit carrière aux Galeries Saint-Hubert de Bruxelles. Mais bientôt Paris, où il devint l’interprète habituel d’Alfred Savoir, devait en faire une célébrité, principalement grâce au personnage créé par Berry dans Banco.
Il vint tard au cinéma et il en expliquait ainsi les raisons
– Au temps du muet, et même au début du parlant, on me trouvait trop vieux pour faire du cinéma… pas photographiable en amoureux… Il fallait avoir l’air « carte postale » ; alors, n’est-ce pas, je n’avais aucune chance…
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