LA FLEUR DE L’AGE (1947)
Cinémonde – n°102 – 10 juin 1947
Cet article est l’un des tout premiers consacré à Anouk Aimée à l’occasion de son deuxième film après le très beau La Maison Sous La Mer d’Henri Calef.
Elle avait 15 ans à l’époque du tournage de ce film inachevé de Carné.
Quelques inexactitudes parsèment cependant celui-ci.
Son vrai nom n’est pas Françoise Rosanis mais Françoise Dreyfus (plus exactement Françoise Judith Sorya Dreyfus). Elle n’a pas rencontré Henri Calef à Cannes mais rue du Colisée à Paris. Elle a bien pris son pseudo Anouk d’après le nom de son personnage dans La Maison Sous La Mer mais c’est Prévert et non Carné qui lui a trouvé son pseudo définitif Anouk Aimée.
Sa biographie dans Wikipédia et une interview dans le journal anglais The Guardian en 2007.
Anouk mourra dans « LA FLEUR DE L’AGE » mais sa merveilleuse aventure continue
CONNAISSEZ-VOUS ANOUK ?
Elle a quinze ans et elle a poussé trop vite. Elle a de grands yeux noirs, et ses cheveux blonds coulent le long de ses joues. Elle a l’air souffreteuse, et son regard est précocement douloureux.
C’est à ce physique qu’elle doit sa première chance.
L’année dernière, à Cannes, sagement assise avec sa mère dans un restaurant, elle s’entendit interpeller :
– Mademoiselle, voulez-vous faire du cinéma ?
La proposition était sérieuse. Car ce monsieur n’était autre qu’Henri Calef, le metteur en scène de Jéricho à la recherche d’une ingénue pour son film La Maison sous la mer.
– Oh ! oui monsieur, je voudrais hien en faire !
Le lendemain, la petite Françoise Rosanis emmenait sa mère dans les bureaux du producteur. Deux jours plus tard le contrat était signé. L’aventure merveilleuse commençait…
Et, parce que le scénario voulait qu’elle s’appelât Anouk et qu’elle fût la fille d’un mineur (Anouk, comme cela allait bien à la petite Fanchon, à ses cheveux en bataille et à sa démarche incertaine !), le nom lui resta.
Elle a travaillé, elle a beaucoup travaillé, et la chance, une seconde fois, l’a favorisée : Marcel Carné a engagé Anouk pour un des principaux rôles de La Fleur de l’Age qu’il tourne à Belle-Ile depuis le 10 mai.
C’est Jacques Prévert qui en a imaginé le scénario. Deux cents gosses feront revivre à l’écran la vie tragiquement amère d’un pénitencier de jeunes délinquants, parmi lesquels Claude Romain.
Anouk est la fille d’un Parisien retiré, Carette ; quand la révolte éclatera dans le bagne d’enfants, Anouk croira que Claude Romain a été tué, et se suicidera de désespoir…
Auprès de Paul Meurisse, un des gardiens du pénitencier, Arletty et Serge Reggiani sont les deux autres vedettes du film ; et ce jeune dévoyé, aigri par sa détention, trouvera grâce à son aventure avec cette parisienne en vacances, un apaisement et une consolation.
Toute l’équipe de Marcel Carné, qui comprend en outre le chef-opérateur Hubert et le décorateur Trauner, restera à Belle-Ile jusqu’à mi-juillet avant de rentrer à Paris pour les intérieurs.
Dès le début des prises de vue, Anouk fit cette réflexion :
– Je voudrais que la scène du baiser soit déjà faite, car je vais être gênée… Je suis tracassée depuis que j’ai lu le scénario.
Espérons pourtant qu’elle s’en tirera sans trop de mal…
Rebaptisée Anouk-Aymée par Marcel Carné, elle a adopté ce nouveau nom avec enthousiasme. Et pour Anouk-Aymée, la merveilleuse aventure continue…
M. SENEZ et TACCHELLA.