1971 – Les Assassins de l’Ordre

fiche technique / synopsis / revue de presse

 

LES ASSASSINS DE L’ORDRE (1971)

Fiche TechniqueSynopsisRevue de PresseAffiches – Liens
Diverses vidéos sur le site de l’INA.

L’histoire de l’avant-dernier film de fiction de Marcel Carné depuis sa sortie est révélateur des problèmes qu’a pu rencontrer Carné lors la deuxième période de sa carrière que j’appelle « post-Prévert ».
Le film est introuvable, peu diffusé à la télévision et encore moins en salles, il ne reste qu’à mettre la main sur une vieille VHS (éditée il y a 20 ans) souvent à des prix défiant toute concurrence (pour une VHS).
Et pourtant ne serait-ce que la présence au générique de Jacques Brel aurait du lui assurer une meilleure postérité.

MIS A JOUR LE 13 JANVIER 2010 : vient de sortir en DVD chez LCJ Editions. Plus d’informations sur notre page spéciale ici.

Le film est inspiré du livre d’un chroniqueur judiciaire Jean Laborde qui relate « l’histoire vraie d’un homme qui, roué de coups dans un commissariat de Bordeaux, en était mort. Un juge d’instruction tenace avait réussi à obtenir la comparution en cour d’assise des trois meurtriers : deux agents et le commissaire lui-même. Mais le jury, conditionné, avait acquitté les trois coupables« .
Le film s’inscrit donc la lignée des films polémiques et politiques comme ceux d’Yves Boisset (Un Condé etait sorti juste avant) ou d’André Cayatte comme son fameux Nous Sommes Tous des Assassins. D’ailleurs la presse accusa Carné de vouloir copier Cayatte comme si le fait de dénoncer une injustice était sous copyright !

Quoiqu’il en soit ce film engagé éveille les consciences et à ce titre est aussi important politiquement que certains films des réalisateurs pré-cités ou des grands films d’ Henri Verneuil (I comme Icare) dans les années 70. Rappelons-nous les circonstances politiques de l’époque, la France du gouvernement Pompidou était partagé entre l’élan et l’échec de Mai 68 et un gouvernement qui avait failli perdre la main en Mai 1968 et entendait bien ne plus tolérer « la chienlit ».
Quant à l’interprétation de Jacques Brel elle est très convaincante et le reste du casting est à l’avenant de Catherine Rouvel à Charles Denner.

Ce film mérite une vraie réhabilitation quand on regarde ne serait-ce que le nombre de diffusions à la télévision de certain films français « engagés » des années 70 on se dit qu’une fois de plus Carné souffre d’une sorte de « cabale » incompréhensible. Pourtant un film qui dénonce une bavure policière est toujours aussi d’actualité !!
Signalons également l’utilisation très pertinente de la musique contemporaine de Pierre Henry notamment de son Voile d’Orphée et de sa fameuse collaboration avec Michel Colombier : Messe Pour un Temps Présent.

A la sortie du film, si celui-ci avait évité la censure du Ministère de l’Intérieur, ce ne fut pas le cas de la censure plus pernicieuse du silence des médias à sa sortie (d’après ce que raconte Carné). C’est-à-dire que peu de journalistes jugèrent bon de critiquer le film.

De plus une fameuse interview à France-Inter fut même décommandée à la dernière minute. Le film reçut quand même le Prix des Spectateurs au festival de Moscou et fut projeté à la Biennale de Venise hors-compétition.

C’est lors de cette même Biennale que Carné reçut en compagnie de John Ford et Ingmar Bergman un Lion d’Or récompensant l’ensemble de leurs oeuvres.

« De toutes les récompenses internationales qu’on m’avait octroyés, c’était assurément la plus haute, et celle à laquelle je n’avais jamais osé prétendre. Mon nom accolé à celui des auteurs de La Chevauchée Fantastique et Cris et Chuchotements me remplissait à la fois d’orgueil et de confusion » écrivit Marcel Carné dans son autobiographie (La Vie à Belles Dents, ed.Jean-Pierre Ollivier).

Mais plus loin il ajoute amer en s’étonnant que quasiment aucun journaliste en France n’ait relayé cette info :
« Pourquoi fallait-il toujours que ce soit l’étranger qui m’honore et me fête, et que dans le pays qui est le mien, où je suis né, je ne rencontre qu’attaques, sarcasmes ou même dédain de la part de ceux qui font profession d’aimer un Art auquel j’ai consacré ma vie ? . »

Il est d’ailleurs très révélateur que dans les re-éditions qui suivirent Marcel Carné changea la fin de la phrase et écrivit : « de la part de ceux qui font profession d’écrire sur un art auquel j’ai consacré ma vie« .

FICHE TECHNIQUE

Scénario : d’après le roman de Jean Laborde.
Adaptation : Paul Andréota et Marcel Carné.
Assistant Réalisateur : Paul Feyder & Antoine Jacquet.
Dialogues : Paul Andréota.
Images : Jean Badal (couleurs).
Assistant  Opérateur : Valéry Ivanow.
Cadreur : Robert Foucard & Georges Pastier.
Décors : Rino Mondellini, assisté de Pierre Tyberghein.
Musique : Pierre Henry, Michel Colombier : extraits des ballets de Maurice Béjart « Messe pour le temps présent » de Pierre Henry & Michel Colombier et « Le Voile d’Orphée»  de Pierre Henry (Disques Philips).
Son : René Longuet.
Perchman : Pierre Davout.
Mixage : Alex Pront.
Montage : Henri Rust, assisté de Mariette Lévy-Novion & Gérard Trân-Trông.
Scripte : Madeleine Santucci.
Directeur de Production : Jean Kerchner.
Administrateur de production : Bernard Artigues.
Attaché(e) de presse : Rosine Josem.
Accessoiriste : Angelo Rizzi.
Régie Général : Lionel De Sousa.
Régie Extérieur : Nady Chauviret.
Robes : Jean Barthet.
Photographe Plateau : Paul Michelangeli.
Interprètes :Jacques Brel (le juge Bernard Level), Catherine Rouvel (Danielle Lebègue, la prostituée), Paola Pitagora (Laura), Roland Lesaffre (Michel Saugeat), Françoise Giret (Geneviève Saugeat), François Cadet (l’inspecteur Édouard Rabut), Serge Sauvion (l’inspecteur Bonetti), Didier Haudepin (François Level), Charles Denner (Me Graziani, l’avocat de la défense), Michel Lonsdale (le commissaire Bertrand), Bobby Lapointe (Louis Casso, le patron du bistrot), Jean-Roger Caussimon (le commissaire Lagache), Henry Nassiet (le président des Assises), Harry Max (Moulard, le greffier du juge Level), Pierre Maguelon (le gardien Lathuile), Luc Ponette (Me Rivette, l’avocat de Geneviève), Marius Laurey (André Véricel, le cambrioleur), Lucien Barjon (Ernest Mauvoisins, le clochard), Alain Nobis (le président Duverger), Jean Franval (le docteur Sabatier), Jacques Legras (l’inspecteur au magasin d’antiquités), René Lefèvre-Bel (l’avocat général), Katia Tchenko (l’assistante de Me Graziani), Luc Merenda (Marco, le souteneur de Danielle), Jean Panisse (le pompiste), Maurice Favières (le speaker TV), Charles Bayard (un assesseur), Jean Gold (un assesseur), Marc Arian (un journaliste au procès), Roland Malet (un garde à l’audience), Marius Gaidon (un gendarme à l’audience), Raymond Pierson (un gendarme à l’audience), Tania Busselier (une avocate, rôle coupé au montage ?), Nadia Vasil (?).
Tournage : Studios de Boulogne, Vaucluse (extérieur).
Production: Les productions Belles-Rives (Michel Ardan) (Paris) & West Film (Rome).
Laboratoires Franay LTC Saint-Cloud.
Générique : Lax.
Visa : 37.932.
Premier titre : La Force et le Droit.
Titre italien : Inchiesta su un delitto della polizia.
Sortie : 7 mai 1971 aux Balzac, Rio Opéra, Max-Linder, Paramount Gobelins, Miramar, Paramount Montmartre, Triomphe.
Durée : 107 minutes.
Distinctions : Prix de la Critique ; Prix des Spectateurs au Festival de Moscou 1971.

Cette fiche technique a été complétée grâce au travail de l’équipe de L’@ide-Mémoire emmené par Armel de Lormes et de son imposante oeuvre intitulée : L’Encyclopédie des longs métrages français de fiction 1929-1979 (dont le tome 2 est sorti en Juillet 2010).

Haut de page

SYNOPSIS

Bernard Level, juge dans une petite ville de province, se voit confier l’instruction d’une affaire délicate.un homme soupçonné d’un délit mineur est décédé au commissariat, à l’issue de son interrogatoire par le commissaire et deux de ses inspecteurs. Au terme de son instruction Level finit par inculper les policiers. Dès cet instant, toutes sortes de pressions sont exercées sur lui.

Haut de page

REVUE DE PRESSE

CINÉMA 70 (Guy Hennebelle)
… que le cinéma français se risque enfin, avec quelque vingt ans de retard sur le cinéma américain, à critiquer la société dont il émane mérite d’être souligné et approuvé. Reste la manière car, tout le monde le sait, de bonnes intentions l’enfer en est pavé! Il faut bien reconnaître, hélas, que le film de Marcel Carné, s’il est sympathique, n’en verse pas moins, et lourdement, dans un prêchi-prêcha pénible et laborieux.
POSITIF, octobre 1971, n` 131 (Bernard Cohn)
Il aurait fallu… moins d’appels du pied au spectateur vers des problèmes «actuels., les conflits de génération, la drogue, la contestation… Il aurait fallu un peu plus de véritable lyrisme…

Encyclopédie des Longs Métrages français de fiction 1929-1979 (Armel De Lorme)
Un petit voyou rangé des voitures (Roland Lesaffre, exceptionnellement impeccable) meurt des suites d’un passage à tabac musclé orchestré par deux policiers avec la bénédiction de leur supérieur (Lonsdale, dans son emploi-type). Dès lors commence un bras de fer entre la Police et la Justice, cette dernière représentée par un juge opiniâtre (Jacques Brel, plus sobre et moins ostensiblement sincère qu’à l’ordinaire, donc très bien) résolu à faire toute la lumière sur cette histoire un rien sordide. Qui de la Force ou du Droit aura le dernier mot ? La Force, bien sûr, Carné n’ayant jamais vraiment vécu au pays des Bisounours. Pour la première fois depuis longtemps (et peut-être même depuis Jenny), le cinéaste parvient – enfin – à se mettre au service de son seul sujet.
Sujet ambitieux, traité sans affectation ni effets de manches (c’est le cas de le dire !), comme en réponse à la sur-démonstrativité des films-plaidoyers commis depuis près de vingt ans par André Cayatte (parmi lesquels Les Risques du métier, avec le même Brel, censément moins bien servi qu’ici). Sujet intelligent (cartes posées dès le départ et dénouement juridique prévisible au-delà de toute velléité de faux suspense), traité avec rigueur, générosité et, même, tact. Les acteurs, au diapason les uns des autres, sont tous remarquables et justes : cela ne saurait surprendre dans les cas de Paola Pitagora, Françoise Giret, Harry Max et Pierre Maguelon, mais le plaisir est d’autant plus vif que la surprise est grande de voir enfin Brel, Lapointe, Lesaffre et Caussimon parvenir haut la main à leur top niveau dramatique. Quant à Charles Denner et Catherine Rouvel, qu’en dire de plus sinon qu’ils ont, le premier, la grandeur de Jules Berry dans le cynisme le plus éhonté, la seconde la beauté éclatante de Viviane Romance, sensibilité bien réelle et sincérité de bon aloi en prime ?
En bref, le dernier grand film d’un jeune metteur en scène de 61 ans, en même temps qu’une sorte de bras d’honneur ultime à une critique qui l’avait tué et enterré depuis belle lurette ! Un peu prématurément, comme toujours.

Haut de page

 AFFICHES

L’affiche originale française

L’affiche originale ITALIENNE (100x140cm)

– Collection Nicolas Ruet –

LIENS

1 – La page consacrée au film sur le site incontournable DVDTOILE.
2 – Une biographie de Michel Colombier sur le site CINEZIK.
3 – La page consacrée au site du groupe LCJ Editions qui ont sorti le film en DVD en 2010.
4 – La page Facebook de CATHERINE ROUVEL.
5 – La page consacrée à Jacques Brel acteur sur le site des éditions Jacques Brel tenu par sa fille France.
6 – Le site hommage à Jacques Brel.

Haut de page

Diverses vidéos sur le site de l’INA.

Reportage sur le tournage des Assassins de l’ordre diffusé le 09 janv. 1971.

*

Second reportage sur le tournage des Assassins de l’ordre diffusé le 07 mars 1971 avec divers entretiens de Marcel CARNE, de Jacques BREL,  de Catherine ROUVEL, de Roland LESAFFRE, de LONSDALE.

*

Interview de Marcel Carne pour la sortie de son film « Les Assassins de l’ordre » diffusé le 15 mai 1971.

*

Haut de page

13 Responses to “fiche technique / synopsis / revue de presse”

Leave a Reply