MOUCHE (1992)
Fiche Technique – Synopsis – Reportage sur « Mouche » au JT Haute Normandie soir du 15 juin 1993.
Mouche aurait dû être le dernier film du réalisateur des Enfants du Paradis.
Après avoir mis plusieurs années à monter la production de ce film qui lui tenait beaucoup à coeur, Carné du se résoudre à voir le tournage de Mouche interrompu au bout de seulement 8 jours de tournage pour des problèmes financiers. Carné mourut quatre ans presque jour pour jour après ce tournage avorté.
Dans ses mémoires « Ma vie à belles dents » (Ed.l’Archipel), il raconte sa version de l’histoire : Il proposa une adaptation de la nouvelle Mouche de Maupassant au producteur Jacques Quintard, avec qui il avait déjà travaillé (la merveilleuse visite, les spectacles audiovisuels). Pour quel raison ? « l’originalité de la nouvelle, certes, mais aussi et surtout l’atmosphère que Monet et Renoir ont si finement évoquée, la joie de vivre libre, entre le ciel et l’eau, une sorte de bonheur pour tous« .
A plusieurs reprises Marcel Carné avait parlé de ce projet à son biographe Edward Turk (voir l’édition américaine sortie en 1989 de sa biographie « Child of Paradise, Marcel Carné and the Golden Age of French Cinema » aux éditions Harvard University Press) :
« Je voulais faire de ce film en couleur l’équivalent pour les Impressionnistes de ce qu’a été « La Kermesse Héroique » de Jacques Feyder pour les peintres flamands du 17°siècle. Tourné au bord de la Seine du coté d’Argenteuil, ce film devrait donner vie à des peintures comme « La Grenouillere » de Monet, « Les Canotiers » et « Le Dejeuner sur l’Herbe » de Manet ainsi que « Le Moulin de la Galette » de Renoir. » (26 juin 1983). « Dans ma version, il y aurait eu sept amis, chacun couchant avec Mouche chaque nuit de la semaine. Quand un huitième se joignit au groupe, l’un des sept abandonna son jour en disant qu’en fait il n’était pas intéressé par les femmes. En fait, cet homme et le huitième arrivé ont une affaire ensemble. Et quand Mouche perd l’enfant qu’elle portait, la seule personne à la consoler est le bisexuel de cette troupe de sept amis. Et c’est lui qui généreusement lui répond : « Ne t’inquiète pas, je t’aiderais à en avoir un autre ». » (26 juin 1983).
A cette époque, donc presque 10 ans avant le début du premier tour de manivelle, Mouche avait comme titre provisoire « L’Amour de Vivre ».
Carné travailla donc à l’adaptation de cette nouvelle avec Didier Decoin, son scénariste attitré depuis La Merveilleuse Visite (et plusieurs projets qui n’ont pas vu le jour). Mais le scénario achevé, Quintard se désista et Carné rencontra un producteur italien qui rêvait de faire un film avec lui. Il lui présenta deux co-producteurs, un italien et un allemand. Le co-producteur italien s’appelait Antonio Passalia (ITALFRANCE FILMS) et « avait déjà produit plusieurs grands films italiens » mais résidait en France. Il allait être producteur délégué sur Mouche, « c’est-à dire qu’il dirigeait la production« . Il a co-produit en 2004 La Demoiselle d’honneur de Claude Chabrol.
Passalia aux dires de Carné va gagner du temps dès le début. Le tournage est prévu en septembre (1991) avec la préparation du film qui devait débuter en juin. Août arrive et Passalia n’a engagé personne sauf l’assistant de Carné et finalement se décide à repousser d’une année le tournage de manière à boucler le financement du film. Carné écrit : « J’aurais peut-être repris ma liberté et risqué un procès, si je n’avais autant tenu à Mouche. »
Après diverses péripéties que relate Carné, nous sommes en octobre 1992 et le tournage n’a toujours pas commencé quand Passalia annonce que l’on tourne le vendredi prochain, les scènes dans le hangar à bateaux. Celui-ci est construit en extérieur sur la Seine à la hauteur de Vernon mais il faudra l’achever durant le tournage car il n’est pas terminé ! Malheureusement, Carné annonce que dès le lendemain de la première journée de tournage il dut resté quelques jours alité à cause d’une grande fatigue morale et physique. Mais il fit l’effort de reprendre le tournage jusqu’au vendredi suivant. Et ce soir là il apprend que les techniciens se sont mis en grève illimité car ils n’ont toujours pas été payés. La banque a bloqué les crédits une nouvelle fois et le film s’arrête et ne reprendra pas. Une projection des rushes filmés est quand même organisé à la suite de cet arrêt pour l’équipe du film.
Le film faillit repartir lorsque le producteur T. (il semble que cela soit Daniel Toscan du Plantier) se dit intéressé mais il voulut reprendre le projet à zéro et renvoyer l’équipe technique et les acteurs. Puis ce T. demanda des coupures dans le scénario mais renonça subitement à le produire sans explications (d’après ce que dit Carné).
Ainsi finit le dernier projet de Marcel Carné vaincu une fois de plus par des producteurs peu recommandables et Carné en a connu beaucoup.
Il est assez difficile d’obtenir des informations sur ce film du fait de son arrêt soudain. La fiche technique que vous allez lire ci-dessous est bien sur incomplète. Elle a été rédigée le plus méticuleusement possible à partir de diverses sources (Presse, Le registre du CNC) et sera mise à jour dès que possible.
Si vous avez des informations précises sur ce film, n’hésitez pas à nous contacter.
Vous pouvez voir ici quelques images des rushes de Mouche dans le beau documentaire que Jean-Denis Bonan a réalisé en 1994 « Marcel Carné, ma vie à l’écran » (disponible en bonus dans l’édition collector DVD de Hôtel du Nord sorti par MK2 en 2006).
Ici la page que nous consacrons à ce documentaire.
Scénario : Marcel Carné et Didier Decoin d’après Mouche de Maupassant.
Dialogues : Didier Decoin.
Images : Pasquale de Santis.
Opérateur : Marco Pontecorvo.
Décors : Mario Garbuglia.
Musique : Michel Legrand.
Interprètes : Virginie Ledoyen, Wadeck Stanczak, Roland Lesaffre, etc…
Coproduction : Italfrance Films (FR) – Alert Film / Von Vietinghoff Filmproduktion (DE) – Filmalpha (IT) – Canal Plus – Conseil Regional de Haute Normandie – Glinwood Films Limited
Directeur de Production : Jean-Yves ASSELIN.
Tournage : Octobre ou Novembre 1992.
Le réalisateur Franco Giraldi a semble-t-il été lié à Mouche mais pour l’instant il n’est pas possible de savoir quel poste il a occupé.
Une recherche sur le site du « fonds de soutien au cinéma européen » Eurimages nous apprend que Mouche, produit par ses trois sociétés ITALFRANCE FILMS (FR) ALERT FILM / VON VIETINGHOFF FILMPRODUKTION (DE) et FILMALPHA (IT), a bénéficié d’un soutien de 231 723 € (source).
Cinq jeunes canotiers se partagent les faveurs de Mouche, petite barreuse peu farouche. Celle-ci tombe enceinte et ne sait pas qui est le père. Les canotiers décident donc d’adopter l’enfant. Mais Mouche tombe d’un ponton ce qui provoque une fausse couche. Devant le désespoir de la jeune femme, l’un des canotiers lui dit : « Console-toi, petite Mouche, console-toi, nous t’en ferons un autre ».
Reportage sur « Mouche » au JT Haute Normandie soir du 15 juin 1993.
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