Michèle Morgan

1962 – « L’Album privé de Michèle Morgan » (Cinémonde)

 

Article paru dans l’hebdomadaire Cinemonde n°1457 daté du 10 juillet 1962

Tous droits réservés pour les photographies illustrant cet article –

L’Album privé de Michèle Morgan

Ne croyez pas que les vedettes ont, chez elles, des milliers de photos tirées de leurs films.
Au début de leur carrière, elles les conservent précieusement et puis elles finissent pas se lasser.
Il y en a trop. Leur collection ressemble à la vôtre : souvenirs d’enfance, de famille, de vacances.
Après Grégory Peck (no 1434) et Elisabeth Taylor (no 1436) Michèle Morgan a choisi pour vous dans son album privé ses photos préférées dont la plupart sont inédites. Elles résument assez bien sa vie comme vous allez vous en rendre compte.

Neuilly, rue de l’Eglise, le 20 février 1920 : naissance de Simone Roussel. Un astrologue, ami de la famille, prédit pour elle un destin de grande vedette. Elle n’a que cinq ans. Cette prophétie amuse tout le monde. Le seul souvenir que garde Simone de cette époque : les bigoudis que lui posait, le soir, sa maman, qui la faisaient tant souffrir. Elle s’était juré d’avoir plus tard (et elle tint parole) des coiffures plates !

 

M. Roussel, jusqu’alors employé de bureau à Paris, prend à Dieppe un petit commerce qui devient vite prospère. A douze ans (photo du centre), Simone n’est guère coquette, mais brusquement tout change quand elle découvre le cinéma. Elle dévore tous les magazines, admire Danielle Darrieux, copie notamment le dessin (exagéré) de ses lèvres et, un jour, elle part sans prévenir, pour Paris, chez sa grand-mère avec l’un de ses deux frères cadets. Simone a décidé d’imiter jusqu’au bout son actrice préférée.

 

Emoi dans la famille, mais on se souvient toujours de la prophétie de l’astrologue.  » Et s’il avait vu juste ?  » leur écrit la brave grand-mère qui désire garder sa petite-fille auprès d’elle. Chez René Simon, dont elle est l’élève, une camarade grippée propose à Simone de figurer à sa place dans Mademoiselle Mozart de Yvan Noé. Trop belle occasion d’approcher Darrieux, vedette du film !  Débuts au théâtre dans L’Aurore. On l’aperçoit dans Mes Tantes et moi, Une fille à papa

 

 

..et enfin Le Mioche, qui lui permet de faire la connaissance de Jeanne Witta, script-girl. Celle-ci la présente à Marc Allégret qui cherche une débutante pour Gribouille. Tout va se précipiter… Un jeune premier de l’époque, Max Michel, a une grande influence sur Simone (devenue Michèle Morgan). Il la guide. la conseille. Avec Quai des Brumes, c’est le triomphe et la rencontre avec Jean Gabin. Les deux partenaires sont inséparables à l’écran (Récif de corail, Remorques) et à la ville…
Les voici tous deux face à face lors d’un banquet qui réunissait Marcel Achard, auteur de Gribouille (à  droite de Michèle, devenue sa grande amie) et Simone Berriau (à l’extrême – droite).

 

Ses parents n’arrivent pas à croire que leur fille est devenue une des femmes les plus connues de France (et bientôt du monde). En si peu de temps ! Dans Gribouille, nous ne t’avons pas reconnue tout de suite. Toi qui amusais toutes tes amies, toi, le boute-en-train du quartier, ton visage est si pathétique ! ». Hélène, sa soeur, est fière, admirative et un peu envieuse tout à la fois. Elle aussi voudrait bien « faire du cinéma ». Que de récits merveilleux chaque fois que Michèle rentre à Dieppe ! C’est le grand retour très attendu de l’enfant prodigue.

En 1940, elle a quitté la France pour Hollywood et n’a connu ni l’exode, ni l’occupation. Jean Gabin est parti avec elle. Par hasard, car ils ne sont plus que des camarades. Seule pendant quatre ans, trop jeune. peu familiarisée avec les moeurs des U.S.A., Michèle végète, tourne de mauvais films. Victor Mature est alors son cavalier servant. Puis, elle rencontre Bill Marshall. Il est beau, sportif, élégant, sait plaire aux femmes (trop peut-être). C’est le grand amour.

 

Michèle l’épouse le 2 septembre 1942.« Tu fais un mariage idiot, tu le regretteras » lui assure Julien Duvivier. Michèle ne tarde pas à s’en rendre compte. Mais la naissance de son fils Mike, le 13 septembre 1944, la console.

 

 

La guerre terminée, son seul désir est de revenir à Paris. Sa famille l’attend, mais les producteurs français l’ont un peu oubliée. La rumeur de ses échecs à Hollywood l’a précédée. Cependant, la chance lui sourit de nouveau avec La Symphonie pastorale qui lai vaut un prix d’interprétation. Elle ne voit plus guère son fils et convainc son père de le ramener en France. Michèle et Bill divorcent le 6 mai 1949.

Bill Marshall obtient la garde légale de l’enfant jusqu’à sa majorité, mais il le laisse toutefois à sa mère. C’est pour Michèle l’époque radieuse, insouciante…

 

Epoque merveilleuse, certes, car elle a trouvé le grand amour en tournant Fabiola. Son partenaire, Henri Vidal, est pour elle l’homme idéal. Viril, attachant, gai. Michèle vit des jours heureux. Ah ! les bonnes vacances passées avec (les amis : le couple Jean-Pierre Aumont-Maria Monte : et notre directeur général J.-P. Mauclaire.

 

Hélène, sa soeur, tente de faire carrière au théâtre. C’est à cette époque que Michèle aura la douleur de voir disparaître son père et, plus tard, celui qu’elle adore.

 

Autre drame : son fils a suivi sans un regret en Amérique, Bill Marshall, remarié à Ginger Rogers. Impossible de le reprendre. Les tentatives de M° Floriot et France Cura n’y font rien. Mike, américanisé, tourne un film ( Planète fantôme ),  et reçoit sa mère deux fois l’an à la façon cow-boy. « L’essentiel est qu’il soit heureux », soupire Michèle Morgan.

 

 

Cette photo est la préférée de Michèle. Elle fut prise par un amateur et illustre leur joie de vivre.
« Henri sait me faire rire, avec lui je ne m’ennuie jamais. »

 

La petite Simone Roussel se doutait-elle en quittant Dieppe à quinze ans qu’elle deviendrait l’amie de son idole Danielle Darrieux ? Les voici quelques années plus tard toutes les deux avec Henri Vidal au cours d’une party.

Henri Roussel, lui aussi, est mordu par le métier. Il doit à sa soeur de tourner un petit rôle L’Affaire Hugues, un des sketches de Un crime ne paie pas.

 

Mieux que tous les prix de festival,  la joie de sa maman récompense Michèle, grande vedette 1962 (ses deux derniers films ont fait les meilleures recettes de l’année).

 

Haut de page

 

12 Responses to “1962 – « L’Album privé de Michèle Morgan » (Cinémonde)”

  • LOBROT Jean-Yves

    quelle tristesse, le cinéma continue à
    voir partir ses plus grands représentants, immense actrice qui a rejoint son immense acteur de mari – les grands partent les uns après les autres – superbe regard d’une pureté infinie. Reposez en paix.

  • BRIGNOL Suzanne

    je vous espère en bonne santé.
    J’ai vu vos films ,vous êtes sublimes.
    Le plus beau compliment que l’on m’ait fait ,à un moment de ma vie ,à été de me dire que je vous ressemblais….même si j’étais consciente que ce message était très éloigné de la réalité…cela m’a paru magnifique J’ai eu ce jour là l’impression que je devais être plus sûre de moi….merci….j’aurais adoré vous rencontrer.
    Mes félicitations aussi pour vos tableaux, j’ai adoré vos collages. Mes profonds et meilleurs sentiments. Sue.

  • Dans les années 80, j’étais en poste à Cannes et, avec un collègue, nous faisions une ballade avant d’aller travailler. c’était l’époque du festival et nous sommes passés à l’hôtel Majestic .En sortant du jardin, nous avons aperçu Michèle Morgan en train de prendra son petit déjeuner. J’ai croisé son merveilleux regard et ce fut un moment de grand bonheur. Cela date de plus de trente ans et ce souvenir reste à jamais gravé dans mon coeur

  • Bonjour,
    Vous êtes pour moi la plus belle actrice de tous les temps.Vous êtes absolument divine dans Marie
    Antoinette. Ma scène préférée quand votre masque tombe et le comte de Fersen enlève le sien et fait ouah et vous répondez ouah.Dans ce film vous êtes divine. J’aime vos films très emouvant, les musiciens du ciel, Maria Chapdelaine, l’étrange madame X, Quai des brumes, vous transmettez une émotion si intense que je pleurs quand je regarde vos films(j’ai 48 ans) En plus vous savez être trop sexy dans les Orgueilleux avec G.Philippe.
    J’avoue je suis fou de vous de votre visage parfait de vos yeux divins, de l’expression que vous dégagez.De votre classe et surtout dans vos films cette émotion qui se dégage ce regard mouillé (musiciens du ciel avec accordéon. )
    Madame Morgan vous êtes la plus grande.

  • Coyard

    Madame Morgan,
    Vous êtes et resterez une femme splendide qui a servi notre cinéma d’une façon magistrale,
    vous et Monsieur Jean Gabin vous êtes les monstres sacrés que la France honorera pour très longtemps.
    Je me permets de vous faire une bise.

Leave a Reply