1937 – Drôle de drame

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DRÔLE DE DRAME (1937)

Fiche technique | Synopsis | Revue de presse | Story (english) | Comments (english) | Affiches | LiensDVD/VHS | Photographies (Michel Simon) | La fameuse scène « Bizarre Bizarre » (Dailymotion)

FICHE TECHNIQUE

Scénario : d’après The Lunatic at Large, His First Offence de Storer Clouston.
Adaptation et dialogues : Jacques Prévert.
Images : Eugen Schüfftan assisté de Louis Page et Henri Alekan.
Assistants réalisateurs : Pierre Prévert et Claude Walter.
Décors : Alexandre Trauner.
Costumes : Lou Tchimoukov.
Musique : Maurice Jaubert.
Directeur de production : Charles David.
Administrateur : Jean Lévy [Ferry].
Son : Antoine Archimbaud.
Montage : Marthe Poncin.
Interprètes : Françoise Rosay (Margaret Molyneux), Michel Simon (Irwin Molyneux/Félix Chapel), Louis Jouvet (Archibald Soper, évêque de Bedford), Jean-Pierre Aumont (Billy, le laitier), Nadine Vogel (Eva), Pierre Alcover (l’inspecteur Bray), Jean-Louis Barrault (William Kramps, le tueur de bouchers), Henri Guisol (le journaliste Buffington), Agnès Capri (la chanteuse de rue), René Génin (le balayeur), Marcel Duhamel (le fêtard qui aime les enterrements), Ky-Duyen (l’hôtelier chinois), Jeanne Lory (la tante Mac Pherson), Jean Sinoël (le gardien de prison), Madeleine Suffel (Victory, gouvernante de la tante), Yves Deniaud (un policier en civil), Max Morise (James, le valet de chambre), Fabien Loris (le policeman à l’œil au beurre noir), Guy Decomble (le maquereau), Jenny Burnay (Mme Pencil), Annie Carriel (Elisabeth Soper), Claudie Carter, Maurice Marceau, Francis Korb, Frédéric O’Brady, Margot Capelier (une cliente du salon de thé).
Production : Édouard Corniglion-Molinier.
Tournage : mai-juin 1937, studios Pathé-Cinéma (Joinville).
Distribution : Pathé puis (1951) Les Grands Films classiques.
Sortie : 20 octobre 1937, au Colisée (Paris).
Titre anglais : Bizarre, bizarre.
Durée : 105 minutes.

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SYNOPSIS

Margaret Molyneux est mariée à un bourgeois un peu désargenté qui écrit des romans policiers sous le nom de Chapelle. Ce Molyneux-Chapelle a pour cousin un évêque anglican qui ne dédaigne pas de porter le kilt… Dans le quartier où habitent les Molyneux rôde William Kramps, l’homme à casquette et à bicyclette qui tue les bouchers par amour des moutons.

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REVUE DE PRESSE

COMBAT, 11/1964 (Henry Chapier) Comme il nous semble sévère, agressif, ce jugement porté sur le film par Georges Sadoul qui le considère comme un demi-échec : « fantaisie glaciale, ingénieuse et laborieuse, où le parti pris poétique freinait le rire !… » […] Une grâce bien française, qui a gardé aujourd’hui encore toute sa fraîcheur : les dialogues sensibles, spontanés, ingénus n’ont absolument pas vieilli ; on souhaite à nombre de nos cinéastes actuels (je songe à Jacques Demy, mais aussi à Michel Deville) le bonheur de manier un tel texte, et de le faire dire aux acteurs. Que l’invention, le ton, les trouvailles de Prévert aient incité les interprètes à jouer comme au théâtre, je l’admets volontiers. Mais Françoise Rosay, comme Michel Simon et Louis Jouvet ont conçu leur rôle sans le moindre cabotinage. Dans Drôle de drame, Carné n’a toléré aucune trace de vulgarité : son film tient à la fois de la comédie anglaise, et d’une sorte d’Opéra de quat’sous revu et corrigé par une troupe berlinoise de 1930. C’est du très beau travail de mise en scène, à une époque où l’on ne méprise pas encore le public, qu’il s’agit d’abord de conquérir et non d’épater. Que le temps ait apporté à Drôle de drame une dimension supplémentaire, celle du charme un peu démodé, nul ne le conteste. Mais j’avoue n’être pas d’un âge où l’on s’attendrit sur le passé, et je n’ai vu pour la première fois Drôle de drame que bien après la guerre. À mon sens, cette reprise ne vise pas seulement des vétérans ou des cinéphiles, mais aussi le grand public. […] Il y a dans Drôle de drame beaucoup plus de sérieux qu’on ne serait tenté de croire. Et je suis persuadé que si l’historien Georges Sadoul voulait revoir le film dans l’optique qui l’intéresse, il découvrirait dans Drôle de drame, sous les traits de cette fantaisie délurée, une prise de conscience assez nette du péril fasciste. Devant la facilité avec laquelle on manie les foules en leur jetant indifféremment en pâture innocents ou coupables, il y a de quoi rester songeur. Ferons-nous à Marcel Carné et Jacques Prévert l’insulte de croire qu’ils n’y ont pas pensé en 1937 ?

BEAUX ARTS, 29/10/1937 (Louis Chéronnet)
Marcel Carné a essayé, c’est visible, de transposer dans le style français cette loufoquerie arbitraire et clownesque qui nous ravit tant dans les films américains. Il n’est parvenu qu’à une sorte de violent vaudeville cérébral, au dessin caricaturalement stylisé et quasi surréaliste pour tout dire (il y a du René Clair là-dedans). Tous les effets sont appuyés littérairement et plastiquement… L’absurde anglo-saxon a quelque chose de direct et de sainement physique qui détend l’esprit. L’absurde de Marcel Carné et de Prévert — qui a écrit le dialogue — a quelque chose de prémédité qui inquiète mentalement… Toutes ces réserves de principe étant faites, il faut dire bien haut que ce film marque une heureuse volonté de sortir — enfin ! — de l’immonde médiocrité où patauge le film comique français…

LE TEMPS (et non Les Nouvelles Littéraires), 1937 (Émile Vuillermoz)
Voici une œuvre qui rend un son neuf et personnel […]. Son réalisateur Jacques Prévert (sic) nous a déjà donné des preuves de sa vivacité et de son originalité d’esprit. Il y a dans sa technique quelque chose d’inhabituel qui, dans l’esthétique standard de nos stu­dios est immédiatement perceptible. Certes, on peut reprocher à son film des longueurs et des arrêts de rythme qu’il n’aurait pas été très difficile de faire disparaître, mais nous nous trouvons en face d’un style personnel et d’un dialogue savoureux et vivant, et ce sont là des aubaines trop rares pour qu’on ne les recueille pas avec satisfaction.

Cf Lien Gallica.

CANDIDE, 28/10/1937 (Jean Fayard)
La stylisation anglaise fournit quelques images réussies […] Le seul critérium applicable à la comédie, c’est sa valeur comique. Et ici, il est certain que l’entassement d’absurdités et de méchantes clowneries ne nous fait plus rire […] Les exhibitions de Jouvet en jupe et de Jean-Louis Barrault tout nu ne suffisaient pas à réchauffer l’atmosphère […] Tout cela est trop compliqué, trop verbeux, trop appuyé, trop voulu.

LE POPULAIRE, 27/01/1937 (Charles Jouet (alias Lucien Wahl)
[…] Tout en composant un film français par le langage, on lui a donné une allure de comique londonien de la plus humoristique venue […]  Pas une faute à relever, c’est la correction même dans la fantaisie échevelée.

MARIANNE, 27/10/1937 (Marcel Achard)
Un film excellent, tué par une merveilleuse photographie […] M. Shiftan (sic) a fait de son mieux — qui n’est pas très loin de la perfection — et c’est à lui pourtant que le film devra sa demi-réussite […] La photographie de Drôle de drame confère au film une prétention, un gongorisme, un air de « vous allez voir ce que vous allez voir ! » des plus regrettables […] L’invention est souvent d’un clown drôle, mais, sur l’écran, elle fait « tentative shakespearienne » — et il n’y a pratiquement rien de pire […] La loufoquerie et l’extravagance se donnent toujours la meilleure excuse, qui est celle de l’improvisation. Pour être drôle, une extravagance doit être improvisée […] Artistiquement photographiés, les gags de Drôle de drame donnent une déplorable impression de travail.

L’ACTION FRANÇAISE, 29/10/1937 (François Vinneuil)
La simplicité est, hélas ! ce qui manque le plus à M. Jacques Prévert. Je mets son nom en avant, parce qu’il est manifestement le premier responsable du film, celui qui l’a réellement inventé. M. Carné ne faisant que matérialiser par les décors et les photographies cette invention […] La fête tourne… à la mascarade triste, au dîner de têtes où des invités sans fantaisie voudraient bien enlever leur fausse barbe pour déguster le potage. Drôle de drame est […] bourré de la plus vaine, de la plus facile littérature. Il faudrait bien se garder de faire à M. Prévert l’honneur de le prendre pour un excentrique, pour un de ces francs-tireurs, tels que jadis M. Bunuel et son Chien andalou, dont on regrette en somme qu’ils n’aient plus les moyens de s’exprimer […] Même si le film était bien bâti, il manquerait vraisemblablement son but, parce qu’il est illusoire de prétendre créer une atmosphère d’humour britannique avec des acteurs français […] Le tout est gai comme les cabrioles d’un maboul dans une chambre mortuaire.

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STORY (english)

In Jean Queval. Marcel Carné. New index series n°2 – BFI. November 1950.

The Molyneux have dismissed their maid, since they cannot afford to pay her any longer. Their cousin, a Church of England bishop, invites himself to lunch. He has just delivered a sermon denouncing the evil influence of a popular detective story writer. To disguise his poverty, Molyneux says that his wife is out, and Mrs. Molyneux plays the part of the maid. At night, the couple leave the house. The next morning, the bishop, find no one, assumes that Molyneux has killed his wife and informs the police. A paper asks Chapelle, the writer of detective stories, to investigate the murder — and it is revealed that the Bishop and the Novelist are the same person. A lunatic, named William Kramps, who kills butchers, decides to revenge himself on the author whose literary advice was once almost responsible for his capture. In the house, he meets Molyneux who, terrified, pretends he has killed both his wife and Chapelle. Kramps warms to him, they get drunk, and go to Kramps’ hotel in Limehouse, where the Molyneux have taken a room. Kramps falls in love with Mrs. Molyneux — of whose supposed murder the police now suspect a young milkman. The bishop-novelist, having left behind in the Molyneux’s bouse the photograph of a young music-hall artist tenderly dedicated to him, returns there to look for it, disguised in Highland costume and dark glasses. Mrs. Molyneux, who happens to be there, hides in a wardrobe. Molyneux also returns to water his beloved mimosas. His wife is discovered in the wardrobe by a somnambulist journalist who has long been searching for her corpse. The milkman is released, and all ends well, since there has been no murder anyway.

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COMMENTS (english)

In Jean Queval. Marcel Carné. New index series n°2 – BFI. November 1950.

This is one of the rare French burlesques. The novel obviously provided Jacques Prévert with an opportunity for a Saint Germain-des-Prés private joke. The story takes place in a synthetic, fantasticated London of the 1900’s, and is, in spirit, something reminiscent of Dreigroschenoper. Trauner’s sets were the first that he designed for Carné ; highly effective, they were the prelude to a long collaboration. The story was casually put together, as if to suggest that it does not matter anyway, since a world governed by meaningless conventions and ridiculous puppets such as Anglican bishops does not make sense. Again, Carné and Prévert were somehow anticipating a future time and the vogue of the « absurd. »
It would be a mistake to overpraise the film because of its brilliant though slapdash intellectualism. It gained a snobbish, leftish succès d’estime at the time, and has unexpectedly been shown a few times since the end of the war. Although Carné proved an ability which no one thought of denying him, and although much of Drôle de drame is, in its way, extremely funny, it cannot be said that he was wholly at ease in the genre. He did not return to it. The cast was again impressive, the oddity this time being Marcel Duhamel, who was to introduce (and mass produce) on the French market translations of numerous violent, sadistic American detective novels. The best French film music composer, Maurice Jaubert, also appears on the credits for the first time in a Carné film. Later he wrote the score for Quai des Brumes, Hôtel du Nord, and, a few months before he was killed in the early months of the war, Le jour se lève.
« A surprising, original, successful work, full of rare qualifies. » (Pierre Bost, Vendredi, October 29, 1937.)
« Un Drôle de drame, un drame très drôle. » (Lucien Wahl, L’Oeuvre, October 20, 1937.)
« One laughs, and is never embarrassed for having laughed. » (René Jeanne, Petit Journal, October 24, 1937.) It seems that even the best critics overrated the film on the grounds of originality.

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DVD/VHS

Ce classique du cinéma français est bien évidemment sorti en vidéo.

 

 

Ci-dessus, les deux éditions DVD parues aux Éditions Montparnasse.

 

Le dvd ci-dessus est la version brésilienne du film sous le nom Familia Exotica éditée par Continental Home Vídeo en 2001.

À noter que cette édition est Multi-Zone avec des sous-titres anglais, espagnols et portugais.

Legendas : Português, Inglês, Espanhol – Multizonal – Extras : Menu interativo, Seleção de cenas, Biografias, Galeria de pôsteres – DVD All (aberto para todas as zonas).

 

La compagnie Home vision a sorti ce DVD en 2003 aux États-Unis.

DVD Region 1 – NTSC – Subtitles : English – Aspect Ratio : 1.33:1 – No Extras –
Useful liner notes are included in the DVD case.

 

La compagnie italienne Mikomaro Film a sorti ce DVD en Juin 2008 sous le nom Lo strano dramma del dottor molyneux.
DVD Zone 2 PAL – Lingue : Italiano – Sottotitoli : nessuno – # Ean : 8033549490362 – Durata : 94 minuti –

Attention, il semble que ce film soit doublé en italien et ne contienne donc pas de sous-titres italiens !!
À vérifier.

 

Les Éditions Montparnasse/Film Office ont sorti cette VHS le 15 décembre 1999.

La compagnie Ciné-Horizon a également sorti ce film en VHS.

Ce film n’est pas disponible à la vente avec des sous-titres allemands

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AFFICHES

 

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PHOTOGRAPHIES DE MICHEL SIMON

Ces photographies proviennent de la collection personnelle du photographe et collectionneur Michel Giniès.

Avec son aimable autorisation.

Tous droits réservés (c)

Les deux photographies suivantes proviennent de la collection de Jean-Pierre Jeunet.

Pour plus de renseignements, voir ici.

Avec son aimable autorisation.

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LIENS

1 – Sur le site consacré à Louis Jouvet, retrouvez le fameux extrait du dialogue « bizarre, vous avez dit bizarre » au format wav.
2 – La page consacrée au film sur le site incontournable DVDTOILE.
3 – La page consacrée au DVD sur le site des Éditions Montparnasse.
4 – La chronique du DVD sur le site de EXCESSIF/DVDRAMA.
5 – La fiche DVD sur le site DVDFR.COM.
6 – La chronique en anglais du DVD sur le site incontournable DVDBEAVER (english dvd review).
7 – La chronique en anglais du DVD sur le site DVDJOURNAL (english review).
8 – La chronique en anglais du film sur le site de BBC FOUR (english review).
9 – La chronique en anglais du film sur le site de POPMATTERS (english review).
10 – La chronique en anglais du film sur le site de DVDTIMES (english review).
11 – Une « drôle de déception » sur le site Il était une fois le cinéma.
12 – Une chronique du film sur le site du journaliste Thierry Attard.
13 – La chronique en anglais du film sur le site des Films de France.com (english review).
14 – Deux chroniques en anglais du film sur le site Epinions.com (english review).

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LA SCENE « BIZARRE BIZARRE » avec Louis Jouvet, Michel Simon et Nadine Vogel (Dailymotion)

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