1937 – Drôle de drame

analyse du film Drôle de drame par Philippe Morisson

 

Analyse du film Drôle de drame par Philippe Morisson

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Drôle de drame est le deuxième film de Marcel Carné. Il entame sa période-phare alors qu’il n’a que 31 ans. Il n’a pas 40 ans qu’il aura enchaîné six films, six classiques du cinéma français d’avant-guerre. Carné vient de tourner Jenny (toujours inédit en DVD) avec, déjà, une partie de son équipe fétiche : Jacques Prévert au scénario, Roger Hubert à la photo, Joseph Kosma à la musique. On y trouvait également des acteurs présents dans Drôle de drame, notamment Françoise Rosay et Jean-Louis Barrault.

Mais avant tout, relevons qu’entre Jenny et Drôle de drame, Prévert et Carné avaient eu l’idée d’un scénario, L’Île des enfants perdus, sur un bagne d’enfants à Belle-Île-en-Mer. Un synopsis d’une quarantaine de pages fut écrit puis soumis à la censure qui bien évidemment le refusa. Ce scénario resurgira dix ans plus tard et donnera naissance au film maudit et inachevé de Marcel Carné : La Fleur de l’âge. En quête d’un nouveau scénario, le malheureux producteur de ce projet avorté, l’aviateur Édouard Corniglion-Molinier qui produira plus tard L’Espoir de Malraux, leur proposa le roman policier d’un obscur auteur anglais, Storer Clouston, dont il avait racheté les droits. Une première adaptation, The Mystery of No. 47, avait déjà été tournée en 1927 par le réalisateur américain Otis Thayer avec Ralph Herz dans le rôle d’Irwin Molyneux et James Fulton dans celui de l’évêque de Bedford. Mais Carné a bien failli ne pas tourner le film, le directeur de production de Corniglion-Molinier, Charles David, qui avait déjà travaillé sur les films des frères Prévert (L’affaire est dans le sac en 1932), voulant imposer Pierre Prévert à la réalisation. Un choix assez judicieux, les critiques rapprochant souvent les deux films. Toujours est-il que Carné gagna et Pierre Prévert sera son premier assistant. Jacques Prévert en profite pour s’entourer de bon nombre d’amis du groupe Octobre dont Lou Tchimoukow-Bonin aux costumes et dans la distribution Agnès Capri (la chanteuse de rue) et Marcel Duhamel (le fêtard).

En 23 jours, de mai à juin 1937, le film est tourné aux studios Pathé à Joinville-le-Pont. Rapidité d’exécution due à la qualité de l’équipe et à la précision de Carné qui tourne en peu de prises comme le rappelle Jean-Ollé-Laprune dans le bonus Drôle de propos. Carné rappelle dans ses mémoires que le tournage se passa dans la bonne humeur et les fous rires à tel point qu’avait été installée une « boîte à rires » dans laquelle celui qui riait pendant une prise devait mettre une pièce, comme durant la scène d’ivresse entre Barrault-Kramps et Simon-Chapel dans laquelle Barrault n’en pouvait plus des facéties de Simon. Mais il y avait aussi cette fameuse tension entre Louis Jouvet et Michel Simon qui, eux, se détestaient copieusement. Il faut dire que quelques années auparavant Michel Simon avait triomphé dans la compagnie de Louis Jouvet dans la pièce de Marcel Achard, Jean de la Lune. On raconte qu’un jour Louis Jouvet dit à Michel Simon : « Votre rôle est admirable », ce à quoi Simon a répondu : « Je sais j’ai refusé le vôtre ». Ambiance !

Et puis il est impossible de ne pas revenir sur les circonstances dans lesquelles a été tournée la fameuse scène du « bizarre… bizarre ». Chacun avait fait le pari de soûler l’autre. Pari évidemment réussi, les deux acteurs passant la journée assis à tourner les prises avec du vrai champagne. À la fin de la journée, chacun titubait et Jouvet alla tout de même jouer au théâtre une pièce dans laquelle Carné raconte qu’il fut excellent. Toute l’équipe était persuadée d’avoir fait un bon film, ils y avaient cru. Jean-Louis Barrault dira plus tard qu’ils avaient sans doute fait un vrai film d’avant-garde, en ce sens où ils étaient en avance sur le public. Il fallut en effet attendre 1951, date de ressortie du film, pour que Drôle de drame soit accepté et plébiscité par le public et devienne le classique que l’on connaît.

Car à la sortie du film le 20 octobre 1937, le public n’est pas prêt pour cet humour à la Prévert qu’il ne comprend pas. Le film est un échec retentissant. La seule chose qui rassure Carné étant que le film soit sorti au Colisée, salle dans laquelle fut sifflé L’Atalante en 1934 et La Règle du jeu en 1939. Rappelons qu’à l’époque un film ne sortait en exclusivité que dans une seule salle, soit sur les Champs-Élysées soit sur les Grands Boulevards, le Colisée étant la plus grande salle des Champs. Il faudra attendre 1962 et le film Du mouron pour les petits oiseaux pour que Carné revienne vers le loufoque et la bouffonnerie. Avec un succès artistique moindre il est vrai, même si ce film avec Paul Meurisse, Suzy Delair, Jean Richard et Dany Saval est loin d’être honteux et vaut beaucoup de de Funès par exemple. Retour en 1937 où Drôle de drame fut hué et ne fut apprécié que par quelques personnes, dont Doriane la première femme de Jean Gabin qui l’incita à travailler avec ce jeune réalisateur prometteur, collaboration qui donnera un peu plus tard Quai des Brumes. Mais ceci est une autre histoire.

Mélange d’humour à l’anglaise, de vaudeville à la française et de burlesque à l’américaine, Drôle de drame est ce que l’on appelle un OVNI dans le paysage cinématographique français. Un film qui se joue des conventions de toutes sortes pour produire un chef-d’œuvre d’humour décalé, loin des pochades auxquelles le cinéma français nous habitue depuis longtemps et qui, des Bronzés 3 à Brice de Nice, font les délices de ceux qui ne pensent qu’à niveler par le bas le public « populaire ». Carné et Prévert n’ont jamais sous-estimé leur public et ont toujours cherché à l’élever, à lui parler de choses du quotidien auxquelles il est facile de s’identifier, puis à le transcender. Ils n’ont jamais cédé à la facilité et ont toujours cherché durant le temps de leur collaboration à se remettre en question à chacun de leurs films. Drôle de drame et Hôtel du Nord ne font pas partie du « réalisme poétique » que les critiques paresseux ont accolé à Carné, à la différence de Quai des Brumes et Le jour se lève, bien qu’il existe déjà de grandes différences entre ces deux films.

Mais revenons à ce drôle de drame. L’humour y est incorrect, poétique et libertaire. Les bons mots affluent à chaque scène comme lorsque Madame Pencil, la cuisinière, énumère les jours de la semaine en commençant par le mercredi puis s’exclame : « J’aurais tant voulu être écuyère… tandis que ces casseroles… ». Notez qu’elle a failli dire « ces cuillères » ! Prévert se joue de la langue française et de ses convenances avec une réelle aisance. Comment résister à vous citer cette autre scène classique ? Le balayeur (René Genin) apostrophe Billy le laitier (Jean-Pierre Aumont) : « Beau temps », Billy lui répond machinalement : « Je vous remercie », et le balayeur de répliquer : « Il n’y a pas de quoi, je n’y suis pour rien ».

Mais Drôle de drame n’est pas seulement une accumulation de gags loufoques un peu tirés par les cheveux, c’est aussi une histoire où presque tous les personnages ne sont pas ce qu’ils sont censés être. Le botaniste Irwyn Molyneux (Michel Simon), spécialiste du mimétisme du mimosa, est également Félix Chapel, célèbre auteur de roman policier. Il se verra condamner à devoir vivre sous les traits de Chapel car, comme le lui dira sa femme, « Mieux vaut être riche avec une barbe que pauvre et sans barbe. » Son cousin Archibald Soper (Louis Jouvet) est un évêque pète-sec avec douze enfants qui entretient une maîtresse qui œuvre dans le music-hall.

La femme de Molyneux, Margarett (Françoise Rosay) est une maîtresse de maison autoritaire, soucieuse des apparences, pour qui le plus important est de « tenir le rang ». Dans un hôtel de passe chinois, elle tombera dans les bras de William Kramps en s’extasiant devant un bouquet de fleurs qu’il lui offre, elle qui déteste les fleurs. William Kramps (Jean-Louis Barrault) lui est un tueur de bouchers : comme il aime les animaux (les moutons plus exactement, il en a même un, encadré façon relique, dans sa chambre) et que les bouchers tuent les animaux, très logiquement il tue les bouchers. Il est aussi un amant transi qui, alors qu’il est supposé rencontrer une femme pour la première fois de sa vie, se montre bien entreprenant. Il ira jusqu’à se sacrifier à la fin pour Margarett et s’accuser du meurtre de Molyneux, meurtre qu’il n’a pas commis alors qu’il voulait effectivement tuer Félix Chapel dont les conseils pour commettre le crime le plus parfait avaient failli le faire arrêter.

Vous avez suivi ? Il y a aussi l’inspecteur de police, Bray (Pierre Alcover), qui au début du film apparaît déguisé en femme et mène l’enquête avec un sens de la déduction qui n’appartient qu’à lui : « Ma conviction est faite, nous ne trouverons rien d’intéressant ici, nous chercherons ailleurs tout simplement. »  Pour finir, il y a la fameuse tante de Molyneux, Mac Phearson (Jeanne Lory), qui passe son temps à chercher sa petite chienne Canada, morte il y a cinq ans, pour finir persuadée que c’est William Kramps qui l’a empoisonnée. Rappelons qu’au début, elle n’aime pas son neveu et finira par lui léguer sa fortune à la fin quand il deviendra à vie Félix Chapel : « J’ai vu votre portrait dans les journaux, vous êtes tout à fait ressemblant ! »

Tous ces personnages se trouvent en opposition avec les deux seules personnes qui semblent être les plus saines d’esprit, les deux amoureux bien sûr. Billy le laitier (Jean-Pierre Aumont) déclenche toute l’intrigue en racontant des histoires policières aux employés de Margarett Molyneux ainsi qu’à Eva (Nadine Vogel), qui s’empresse de les rapporter à Molyneux-Chapel qui les met finalement en forme dans ses romans sans que Billy soit au courant. Billy qui va passer tout le film à convaincre Eva de l’aimer pour une amourette qui se transformera en amour. La première scène est en ce sens révélatrice. Billy lui avoue son amour et elle de lui répondre : « Fichez-moi la paix avec votre amour… Si vous voyiez la tête que vous avez quand vous me dites que vous m’aimez… et toujours cette même phrase insupportable : je vous aime, je vous aime… »

Eva est un personnage souvent peu considéré par les critiques, qui lui reprochent d’être trop terne voire insignifiante. Il s’agit pourtant d’un personnage récurrent dans l’œuvre de Carné, celui de la jeune fille tantôt naïve tantôt forte tête mais toujours naturelle et simple. C’est Françoise (Jacqueline Laurent) dans Le jour se lève, Anne (Marie Déa) dans Les Visiteurs du soir, Nathalie (Maria Casares) dans Les Enfants du paradis mais aussi Marie (Nicole Courcel) dans La Marie du port ou encore Juliette (Suzanne Cloutier) dans Juliette ou la Clef des songes. Toutes ces héroïnes partagent la même grandeur d’âme, une histoire d’amour souvent pure. Un vrai personnage romantique en somme qui souvent reste dans l’ombre, s’efface comme la Cordelia du Roi Lear de Shakespeare, dont la devise est « Love and Be Silent » (que l’on peut traduire par : « Aimer et se taire »).

Au jeu des correspondances, notons qu’Eva est orpheline comme Nelly (Michèle Morgan) dans Quai des Brumes et comme Françoise (Jacqueline Laurent) dans Le jour se lève. Drôle de drame nous montre d’ailleurs une scène d’amour entre Margarett et William Kramps se passant dans une serre tout comme celle entre Gabin et Jacqueline Laurent dans Le jour se lève. Bien sûr, Billy et Eva sont des personnages secondaires dans l’intrigue, mais ils sont l’occasion pour Prévert de glisser quelques phrases dont il a le secret, comme celle-ci prononcée par Billy dans le grenier où il vient de rejoindre Eva : « Vous croyez qu’il y a des choses qu’on fait et d’autres qu’on ne fait pas ; c’est idiot ! Tenez, l’autre jour je vous ai embrassée. Il paraît que ça fait partie des choses qui ne se font pas mais puisque nous l’avons fait, c’est que ça se fait… et les choses qu’on a faites, pourquoi ne pas les refaire si ça nous a fait plaisir, si ça vous a fait plaisir. »

Voilà une thématique que l’on retrouve régulièrement dans l’œuvre de Prévert, celle de l’amour libre, sans attaches, l’amour rempart contre le monde. Le film se terminera en laissant en suspens cette histoire d’amour entre Billy et Eva.

Mais revenons au personnage de William Kramps, popularisé dans les années 80 par un fameux morceau du groupe punk surréaliste Ludwig Von 88, et à son ambiguïté. Car Prévert et Carné en ont fait un assassin sympathique, un illuminé, un héros libertaire (qui rappelle à la fois Lacenaire le poète assassin et Baptiste, le mime, dans Les Enfants du paradis), caractérisé par son « idéalisme brûlant » comme le soulignera Edward Turk : « La grandeur de Kramps réside dans sa capacité (psychotique) à rejeter totalement et sans remords les hypocrisies morales de la société. » Ce personnage qui n’existait pas dans le roman est aussi l’occasion d’apercevoir pour l’une des premières fois à l’écran des fesses nues masculines (comme le remarque Dominique Nogues) dans la célèbre scène où Jean-Louis Barrault plonge devant une Françoise Rosay véritablement scandalisée, n’ayant pas été prévenue par le metteur en scène. Ce n’est pas la première fois que Carné glissera quelques plans de nudité dans ses films. Si celui dans Nogent, eldorado du dimanche est passé inaperçu, celui d’Arletty dans Le jour se lève fut censuré sous Vichy (et jamais rétabli depuis !) et ceux des amants dans Les Jeunes Loups (1969) furent pour la plupart coupés. Reste ceux de La Merveilleuse Visite en 1974, mais là il faut admettre que Carné a fait fausse route, ces plans se révélant plus gênants qu’autre chose.

Edward Turk remarque que Drôle de drame préfigure Les Enfants du paradis, lorsque Kramps aime une femme qu’il baptise d’un nom de fleur, Daisy, comme cette autre femme au nom de fleur, Garance, dans Les Enfants du paradis. Récurrent aussi, ce premier plan d’ouverture du film, un plan de grue qui glisse de haut sur une foule pour terminer en intérieur en présentant les personnages. C’est l’occasion de souligner la manière dont Carné manie « des cadrages serrés, de lents travellings, des angles de prises de vues atypiques et des gros plans fortement ponctués » pour parodier « les techniques du thriller criminel ».

Carné utilise également certaines techniques cinématographiques comme des accélérés, des caches, une marche en arrière onirique « à la Cocteau » sans que cela ne soit jamais démonstratif. C’est d’ailleurs ce qui caractérise l’ensemble de l’œuvre de Carné, son refus des effets de style. Il ne cherche pas à faire étalage de sa technique, chaque plan est au service de la scène, se doit de servir l’histoire. La technique ne doit pas se voir. Carné s’occupe souvent du découpage technique du scénario car, s’il fonctionne à l’intuition (il admettra savoir de manière innée pourquoi la caméra doit être là et pas ailleurs), il prend toujours un soin extrême à soigner son cadre et son plan pour qu’ils soient les plus efficaces possible.

Drôle de drame marque aussi la rencontre avec deux personnes qui seront très importantes dans l’équipe Carné, celle de Maurice Jaubert et d’Alexandre Trauner. Jaubert tout d’abord, qui signera les musiques des trois autres films successifs de Carné : Quai des Brumes, Hôtel du Nord et Le jour se lève. Jaubert avait déjà composé la musique de L’affaire est dans le sac des frères Prévert, de Quatorze Juillet de René Clair et surtout de son chef-d’œuvre, L’Atalante de Jean Vigo.

Quant à Trauner, il a été conseillé à Carné par Prévert qu’il avait rencontré sur le tournage de Ciboulette, premier film de Claude Autant-Lara en 1933, alors que Trauner était l’assistant du grand décorateur Lazare Meerson (que Carné avait déjà rencontré lorsqu’il était assistant de Jacques Feyder sur La Kermesse héroïque en 1935). Carné raconte qu’il avait reproché à Trauner son décor de la rue des Molyneux, qui faisait « un peu toile peinte », Trauner ayant choisi un plateau trop petit et donc manquant de recul. Carné ajoutant aussitôt qu’il partageait la faute, n’ayant « pas beaucoup de métier », et qu’il aurait dû employer une plus courte focale. Un autre décor remarquable est celui du quartier chinois de Londres, celui de Limehouse que Trauner connaissait pour y être déjà allé. Un décor qui rappelle L’Opéra de quat’sous de Pabst (1931) et les dessins de Gustave Doré, et qui est magnifié par la lumière d’Eugen Schüfftan dont c’est la première collaboration avec Carné.

Schüfftan, qui a fui le nazisme, est l’un des grands chefs opérateurs allemands de l’époque et a travaillé avec Fritz Lang (Métropolis-1927) et surtout Robert Siodmak (Les Hommes, le dimanche-1930). Il retravaillera avec Carné l’année suivante sur Quai des Brumes, avec le succès que l’on connaît. Par la suite Carné ne fera appel à lui que trente ans plus tard pour le beau noir et blanc de Trois Chambres à Manhattan.

Nous terminerons ce texte avec quelques extraits de critiques de l’époque, qui vous permettront de mieux comprendre pourquoi la contribution de Marcel Carné au cinéma français a toujours été controversée.
François Vinneuil (L’Action française, 29.10.37) :
« La simplicité est, hélas ! ce qui manque le plus à M. Jacques Prévert. Je mets son nom en avant, parce qu’il est manifestement le premier responsable du film, celui qui l’a réellement inventé. M. Carné ne faisant que matérialiser par les décors et les photographies cette invention. »
François Trauchant (Cinéma 59, n° 37) :
« Drôle de drame confirme la faillite d’à peu près tout le cinéma français d’avant et d’après guerre. »
Guy Jacob (Positif n° 9) :
« Dans ce film, l’influence qui prédomine est sans doute celle de Prévert mais rendons grâce à Carné de sa mise en scène sobre et discrète et de son admirable direction d’acteurs. »
Edward Turk :
« Drôle de drame dépeint la tragédie d’un monde réduit à une comédie… et pose les problèmes de l’aliénation et de l’authenticité qui sont au cœur de  l’œuvre et de l’être de Carné. »

 

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