Roland Lesaffre

1981 – « Roland Lesaffre – la fidélité dans le talent » (Ciné-Revue)

 

– article paru dans le magazine Ciné Revue en 1981 –

Cliquez ici pour lire la filmographie illustrée de Roland Lesaffre .

Roland Lesaffre – la fidélité dans le talent par Joe van COTTOM (fondateur de Ciné Revue)

Son nom figure à l’affiche des plus beaux fleurons du cinéma français, aux côtés de grandes vedettes telles que Jean Gabin, Michèle Morgan et Simone Signoret et de réalisateurs comme Jacques Becker, Sacha Guitry ou Marcel Carné à qui il doit, sans doute, sa brillante carrière. Bien sûr, il n’est jamais devenu une grande star, mais il a su marquer de sa forte personnalité tous les personnages qu’il a interprétés.

 

On ne peut pas dire que Roland Lesaffre eut, ce qu’on appelle, une enfance heureuse. Né le 26 juin 1927, ce beau bébé vient au monde dans un endroit plutôt particulier : l’ascenseur de l’hôpital de Clermont-Ferrand. Là s’arrête l’anecdote, car la suite n’est pas très réjouissante pour le petit garçon. Devenu sans doute un fardeau pour sa mère, il est placé en nourrice. C’est à l’âge de dix ans, qu’il fréquentera pour la première fois l’école. Cinq ans plus tard, las de cette vie, il s’enfuit et part pour Limoges rejoindre les Centres de Jeunesse. Forte tête, il est expédié dans un centre disciplinaire. Passionné de sport, le jeune homme se fait remarquer par ses supérieurs.

Mais la guerre est là. Nous sommes en 1944 : le jeune fusilier-marin est envoyé en Algérie où il fera la connaissance de Jean Gabin et de Marcel Cerdan. Avec ce dernier, il participera aux Jeux Interalliés de Rome. Sa soif d’aventures le fait embarquer sur le croiseur « Emile Bertin » vers l’Indochine, où sa conduite lui vaudra la Croix de Guerre.

 

Revenu à la vie civile et sans le sou, il se rend dans les studios de cinéma pour y tenter sa chance. Bien lui en prend, le hasard le met en présence de Jean Gabin qui n’a pas oublié le jeune marin qu’il était. Celui-ci le présente au célèbre metteur en scène Marcel Carné qui cherchait des figurants pour son prochain film « La Marie du port ». Ces deux rencontres seront décisives pour l’avenir du jeune Roland. Marcel Carné le poussera même à suivre des cours d’art dramatique et à travailler d’arrache-pied. C’est ce qu’il va faire, s’inscrivant au cours de Maurice Escande, et participant à de nombreuses pièces de théâtre dont « Barabbas » et « Héloïse et Abélard ».

Revenant au cinéma, il interprétera d’abord quelques petits rôles, notamment dans « Casque d’or », « Thérèse Raquin », « Juliette ou la clé des songes ». Puis, sa grande chance lui est donnée dans « L’air de Paris », où il incarne un boxeur, aux côtés de Jean Gabin et sous la direction de Marcel Carné, ses deux parrains en quelque sorte. Le film remporte de nombreuses récompenses. Roland, lui, est lauréat du prix populiste du cinéma français. Sa carrière est, dès lors, lancée.

 

Depuis, son prestigieux palmarès n’a fait que s’enrichir, tournant sous la direction des plus célèbres metteurs en scène français et, aussi chose rare pour un comédien français, sous les ordres du maître du suspense, Alfred Hitchcock.

Affrontant toutes les modes avec une vigueur qui n’appartient qu’à lui, Roland Lesaffre a su s’adapter à l’évolution du cinéma. Lui qui fut l’intime des plus grands (de Jean Grémillon à Charles Spaak, de Henri Langlois à Marcel Carné), il prit résolument le parti de ne pas vivre dans le regret éternel d’un passé en or, hélas disparu. Homme d’action et d’avenir, Roland Lesaffre tourna beaucoup pour le petit écran, notamment aux côtés de Denise Fabre dans « Madame êtes-vous libre? ».

 

Il a consacré aussi une grande part de son énergie à défendre Marcel Carné, injustement oublié et tenu à l’écart du cinéma français pour d’obscures raisons. Rude bataille qui permit à Roland Lesaffre de réaliser un véritable exploit en réussissant à convaincre la ville de Boston d’ouvrir un musée entièrement consacré à Marcel Carné. Cas unique au monde pour les réalisateurs et d’autant plus exceptionnel qu’il s’agit d’un metteur en scène français sur le territoire américain. Mais la fidélité dans l’amitié, comme sa constance dans le talent et la volonté du travail bien fait, ont permis à Roland Lesaffre de surmonter des obstacles plus tenaces encore.

Homme droit et réservé, il a toujours tenu sa vie privée loin des feux de la rampe. Divorcé de la vedette japonaise Yoko Tani, il coule des jours heureux auprès de la ravissante actrice Tania Busselier. Après avoir mené tant de combats pour le bonheur des autres, il a enfin mérité de gagner le sien…

J. van COTTOM.

 

 

Haut de page

 

filmographie illustrée de Roland Lesaffre

 

1950 – La Marie du Port de Marcel Carné
avec Jean Gabin, Nicole Courcel et Blanchette Brunoy

 

1950 – L’Etrange Madame X de Jean Gremillon
avec Michèle Morgan et Henri Vidal.

 

1951 – Juliette ou la Clef des Songes de Marcel Carné
avec Gerard Philipe et Suzanne Cloutier.

 

1951 – Casque d’Or de Jacques Becker
avec Simone Signoret et Serge Reggiani.

 

1952 – Nous sommes tous des assassins de André Cayatte
avec Marcel Mouloudji et Raymond Pellegrin.

 

1952 – Paris sera toujours Paris de Luciano Emmer
avec Aldo Fabrizi, Marcello Mastroianni, Lucia Bosé.

 

1953 – L’Amour d’une femme de Jean Gremillon
avec Micheline Presle et Gaby Morlay.

 

1953 – Thérèse Raquin de Marcel Carné
avec Simone Signoret et Ralph Vallone.

 

1953 – Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville
avec Daniel Cauchy, Yvonne de Bray, Juliette Gréco.

 

1954 – L’air de Paris de Marcel Carné
avec Jean Gabin et Arletty.

 

1954 – La main au collet de Alfred Hitchcock
avec Grace Kelly et Cary Grant.

 

1955 – Si Paris nous était conté de Sacha Guitry
avec Michèle Morgan, Françoise Arnoul, Danielle Darrieux, Jean Marais, Gilbert Bokanowski.

 

1956 – Crime et châtiment de Georges Lampin
avec Jean gabin, Marina Vlady, Robert Hossein, Bernard Blier.

 

1956 – La jeunesse aux pieds nus de Senkichi Taniguchi.

 

1956 – La loi des rues de Ralph Habib
avec Louis de Funès, Josette Arno, Fernand Ledoux, Raymond Pellegrin, Jean-Louis Trintignant, Lino Ventura, Gina Manès.

 

1956 – Soupçons / La pavane des poisons de Pierre Billon
avec Jacques Castelot, Dora Doll, Frank Villard.

 

1957 – La bonne tisane de Hervé Bromberger
avec Madeleine Robinson, Raymond Pellegrin, Bernard Blier, Stéphane Audran.

 

1957 – Filous et Compagnie / Les filous de Tony Saytor
avec Marie Daëms, Sophie Desmarets, Jean Parédès.

 

1957 – Méfiez-vous fillettes de Yves Allégret
avec Antonella Lualdi, Robert Hossein, Gérard Oury, Dominique Page.

 

1958 – Paris, c’est l’amour / Amour, autocar et boîtes de nuit de Walter Kapps avec Geneviève Kervine, Robert Dalban, Robert Berri, Danielle Godet.

 

1958 – Les tricheurs de Marcel Carné
avec Jacques Charrier, Pascale Petit, Laurent Terzieff.

 

1959 – Le septième jour de Saint-Malo de Paul Mesnier
avec Jean-Pierre Kérien, Annie Andrel, Cécile Eddy.

 

1960 – La fête espagnole de Jean-Jacques Vierne
avec Dahlia Lavi, Peter van Eyck.

 

1960 – Terrain vague de Marcel Carné
avec Danièle Gaubert, Maurice Caffarelli, Constantin Andrieu.

 

1961 – Les menteurs de Edmond T. Gréville
avec Dawn Addams, Anne-Marie Bellini, Claude Chabrol, Claude Brasseur, Gaston Modot.

 

1961 – Du mouron pour les petits oiseaux : de Marcel Carné
avec Paul Meurisse, Dany Saval, Suzy Delair, Jean Richard.

 

1962 – La fille des Tartares (Ursus e la ragazza tartara) de Remigio Del Grosso avec Yoko Tani, Ettore Manni.

 

1963 – L’accident de Edmond T. Gréville
avec Magali Noël, Georges Rivière, Danik Patisson.

 

1963 – Le bluffeur de Sergio Gobbi
avec Paul Guers, Dany Carrel, Paul Guers, Véra Valmont.

 

1963 – Les Parias de la gloire de Henri Decoin
avec Curd Jürgens, Maurice Ronet, Folco Lulli.

 

1964 – L’étrange auto-stoppeuse de Jean Darcy
avec Noël Roquevert, Sophie Hardy, Georges Marchal.

 

1964 – Peril au paradis (tv) d’Edmond T. Gréville
avec Dario Moreno, Armand Mestral, Sophie Hardy.

 

1965 – Les Survivants de Dominique Genee
avec Frédéric de Pasquale, Catherine Diamant.

 

1965 – L’or du Duc de Jacques Baratier et Bernard Toublanc-Michel
avec Monique Tarbès, Claude Rich, Pierre Brasseur, Danielle Darrieux, Jacques Dufilho, Charles Trenet.

 

1965 – Pas de panique de Sergio Gobbi
avec Pierre Brasseur, Alain Barrière, Gina Manès.

 

1965 – Trois chambres à Manhattan de Marcel Carné
avec Maurice Ronet et Annie Girardot.

 

1966 – Destination : Planète Hydra (2+5 : Missione Hydra) de Pietro Francisci avec Kirk Morris, Leonora Ruffo, Mario Novelli.

 

1967 – Le bal des voyous / Le bal des truands de Jean-Claude Dague
avec Jean-Claude Bercq, Donna Michelle, Linda Veras, Jean Distinghin.

 

1968 – Les jeunes loups de Marcel Carné
avec Yves Beneyton, Maurice Garrel, Christian Hay, Haydée Politoff.

 

1968 – Les enfants de Caïn / La jungle est sans pitié de René Jolivet et José Bénaraff

 

1968 – Traquenards de Jean-François Davy
avec Anna Gaël, Jean-Claude Charnay, Charles Dalin, Dominique Erlanger.

 

1969 – Le bourgeois gentil mec de Raoul André
avec Jean Lefebvre, Annie Cordy, Francis Blanche, Darry Cowl.

 

1970 – Les coups pour rien de Pierre Lambert
avec Pierre Brice, Jean Franval, Yanti Sommer.

 

1970 – Le mur de l’Atlantique de Marcel Camus
avec Bourvil, Sophie Desmarets, Jean Poiret, Jacques Balutin.

 

1971 – Les assassins de l’ordre de Marcel Carné
avec Jacques Brel, Catherine Rouvel, Charles Denner, Michael Lonsdale.

 

1974 – La merveilleuse visite de Marcel Carné
avec Lucien Barjon, Gilles Kohler, Deborah Berger, Tania Busselier.

 

1975 – Il faut vivre dangereusement de Claude Makovski
avec Annie Girardot, Claude Brasseur, Roger Blin, Mylène Demongeot.

 

Haut de page

 

Leave a Reply