Jacques Prévert

2008 – Entretien exclusif avec Danièle Gasiglia Laster et Arnaud Laster (« Jacques Prévert, Paris la belle »)

 

Interview de Danièle Gasiglia-Laster et Arnaud Laster à l’occasion de l’exposition « Jacques Prévert, Paris la belle » à Paris du 24 octobre 2008 au 28 février 2009

– Entretien enregistré au mois d’Octobre 2008 –

Un grand remerciement à Danièle Gasiglia-Laster et Arnaud Laster pour m’avoir permis de reproduire ci-dessous les dédicaces à Arnaud Laster par Jacques Prévert, ainsi que la photo de Janine Prévert en compagnie de Danièle Gasiglia-Laster.
Ces reproductions sont inédites et proviennent de leur collection particulière.

– Tous droits réservés –

 

– PREMIERE PARTIE –

– Vous êtes tous les deux, des spécialistes reconnus de Prévert à travers, notamment, l’édition posthume de deux recueils, Soleil de Nuit, paru en 1980, et La Cinquième Saison, en 1984, et des deux tomes de l’édition des Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade, parus respectivement en 1992 et 1996. J’aimerais savoir comment vous avez découvert Jacques Prévert. Par les films ou la poésie ? Enfants ou adultes ?

Danièle – Chacun de nous deux a un parcours très différent. Pour ma part quand j’étais adolescente, j’étais complètement imprégnée par les textes et les tragédies classiques. À 11 ans, je me suis plongée dans les tragédies de Corneille et de Racine. J’étais tellement nourrie par le rythme de l’alexandrin, que j’ai eu beaucoup de mal à apprécier la poésie moderne car je n’y retrouvais pas cette musique du vers. J’avais une amie qui m’avait passé Paroles et je n’avais pas tellement accroché. Jusqu’au moment où j’ai acheté un disque de Serge Reggiani qui avait enregistré des lectures de poèmes de Prévert et là, j’ai été tout à fait séduite par les textes qu’il avait interprétés. J’ai donc eu envie de me replonger dans cette oeuvre qui m’avait, au départ, déconcertée, et j’ai commencé à l’apprécier.

Des années après, j’ai rencontré ce monsieur (désignant en riant Arnaud Laster à côté d’elle), passionné de Prévert et qui l’avait connu. Moi j’avais choisi de travailler sur Proust et, à ce moment-là, Janine Prévert avait demandé à Arnaud de préparer la publication des textes inédits. Puis les éditions Gallimard lui ont proposé d’établir, présenter et annoter les oeuvres de Prévert dans la Pléiade. Arnaud m’a alors demandé si j’accepterais de l’aider dans ce travail et j’ai aussi, alors, participé à la préparation du deuxième recueil posthume La Cinquième Saison. J’ai pu ainsi approfondir ma connaissance de l’oeuvre de Prévert et je suis tombée sous le charme…

Arnaud – Moi c’est très ancien. J’étais à peine adolescent, 13/14 ans, et une cousine m’a offert Paroles. Et ça a été immédiat, ce livre est devenu un de mes préférés. C’est vraiment celui qui correspondait le plus à la révolte qui bouillonnait en moi contre les injustices de la société et les mystifications des religions, et déployait l’humour le plus décapant. Et pour moi tout est parti de Paroles.
J’ai voulu ensuite en lire de plus en plus : Spectacle, La Pluie et Le Beau TempsHistoires, etc… Et puis voir, bien sûr, les films auxquels Prévert s’est associé.

J’ai continué mes études et je n’ai jamais abandonné Prévert. Quand il m’a fallu choisir un sujet de recherches universitaires, on m’a dissuadé de travailler sur les œuvres d’un auteur vivant, en me disant que ce qu’il pourrait encore publier m’obligerait à de constants remaniements. J’ai écouté le conseil et je le regrette un peu, mais je me suis orienté vers mon autre auteur préféré, Victor Hugo, et vers un sujet en rapport avec la musique, qui me passionnait de plus en plus.

Et un jour j’ai vu annoncer qu’une soirée aurait lieu à Aubervilliers en présence de Jacques Prévert et j’ai voulu saisir cette occasion exceptionnelle de voir en chair et en os, comme on dit, cet auteur que je lisais depuis tellement d’années. En effet, il était là pour une présentation de ses collages, accompagnée de lectures de ses poèmes, et je suis allé le trouver à l’entracte. Je lui ai demandé, naïvement, sans préambule ou presque, ce qu’il pensait de Victor Hugo, avec l’espoir qu’il devait bien l’aimer comme moi, compte tenu de citations qu’il avait faites de textes assez peu connus de Hugo. La question a dû lui paraître agréablement différente de celles qu’on lui posait habituellement, car il m’a dit : « écoutez, on n’a pas le temps d’en parler car il y a beaucoup de monde mais prenez mon numéro de téléphone, appelez-moi, et on en reparlera ». Peu après, j’ai osé lui téléphoner ; il ne m’a pas donné rendez-vous tout de suite mais m’a demandé gentiment de le rappeler et, au troisième appel, il m’a dit : « venez demain matin, si vous pouvez ».

Je me suis donc rendu le lendemain matin dans son appartement de la cité Véron, et nous sommes restés trois heures à discuter. C’était en 68, à l’automne, et il était très curieux de ce qui se passait à l’université. On s’est promis de se revoir et c’est ainsi qu’a commencé une relation personnelle et amicale. Mais je n’avais encore rien écrit ni publié sur lui, ou plutôt « avec » lui, car il n’aimait pas trop qu’on dise écrire « sur » un auteur…
Et c’est lui qui m’a encouragé à écrire ce que je lui disais de Hugo.

Des années après, j’enseignais déjà, dans un collège et comme chargé de cours à l’université, il s’est trouvé qu’un directeur de collection chez Hatier, ami d’un de mes collègues, m’a demandé de faire l’« analyse critique » d’une oeuvre et je lui ai proposé Paroles. Je l’ai dit à Jacques et il m’a répondu : « Et pourquoi pas ? Vous me la montrerez quand ça sera terminé ». Ce que j’ai fait et ça lui a plu. Il n’a pas voulu voir le livre sur épreuves comme je le lui proposais et a attendu que le livre soit sorti pour le lire. Il me l’a rendu avec une dédicace très gentille et une petite annotation. Puis on a continué à se rencontrer, amicalement.

Dédicace à Arnaud Laster du recueil Paroles par Jacques Prévert.

© Collection privée Arnaud Laster

– Mais que vous a-t-il dit sur Hugo, car vous avez déjà écrit que vous trouviez de multiples parallèles entre Prévert et Hugo ?

Arnaud – Il m’a confirmé tout d’abord qu’il aimait beaucoup le Théâtre en liberté, les romans aussi. Il était un peu plus partagé sur la poésie, alors nous avons eu de longues discussions ; à partir, par exemple, du poème « Hymne » qui commence par « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie », auquel Prévert avait répondu en quelque sorte par «  Ceux qui pieusement… / ceux qui copieusement » (dans “Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France”. in Paroles). Je lui expliquais que ce poème qui a l’air très bien pensant, très patriotique, est en réalité un poème qui a été écrit à la mémoire des révolutionnaires de 1830, donc qu’il n’avait pas le sens qu’on lui a prêté ultérieurement, et Prévert me répondait : « il avait qu’à être plus clair! ». Et puis je lui apportais et lui lisais des textes qu’il ne connaissait pas, notamment des textes des Quatre Vents de l’esprit qui sont au vitriol sur les rois de France, sur Louis XIII, Louis XIV, Louis XV. Ça lui plaisait énormément et il me parlait de ce qu’on lui avait appris à l’école, qui n’était pas tout à fait le même genre de choses. Voilà : c’était l’un de nos sujets de conversation.

Danièle – Tu lui as apporté une édition de L’Homme qui rit aussi…

Arnaud – Ça se situe beaucoup plus tard, quand il était déjà très malade. Il m’avait demandé de lui envoyer une édition de L’Homme qui rit la plus légère possible ! pour qu’il puisse relire le roman au lit. Et je lui ai envoyé l’édition Nelson, que j’ai retrouvée après avec émotion à Omonville-la-Petite, quand j’y suis allé après sa mort…

Nos relations amicales se sont traduites de 1968 à 1975, par de fréquentes rencontres, de longues conversations qui duraient toute une matinée souvent, et pas mal de coups de téléphone. En 76 et début 77, nous ne nous sommes plus parlé que par téléphone. Il me confiait, avec un humour que l’on retrouve dans ses derniers textes, qu’il ne reviendrait probablement plus à Paris qu’en « revenant ».

– Est-ce qu’il parlait de tout et de rien comme on a pu le lire ?

Arnaud – ah oui ! si vous voulez dire de tous les sujets ! Mais mon expérience est peut-être un peu différente de celle d’autres interlocuteurs de Prévert, car beaucoup disent qu’il monologuait, et moi, j’ai gardé le souvenir de quelqu’un qui savait écouter !
Nous parlions beaucoup de littérature, il adorait parler littérature, mais nous parlions aussi de la situation politique, de ce qui se passait à l’université et de tout de qui défilait dans l’actualité.

– Ainsi qu’on peut le lire dans Hebdromadaires le livre composé avec André Pozner (paru en 1972) ?

Arnaud – Oui ! il date exactement de cette même époque, de 1968 à 1972, où je rencontrais fréquemment Jacques. Souvent André Pozner venait l’après-midi et j’étais venu le matin ou inversement ! Un autre beau souvenir de notre amitié, c’est l’émission que nous avons faite ensemble, Jacques et moi, pour France Musique. Là il était déjà à Omonville-la-Petite (c’était en 1974). L’émission a été enregistrée sur place. Il avait déjà des problèmes de respiration, mais ça s’est très bien passé et, au montage, on a pu faire disparaître les halètements qui lui déplaisaient…

Et donc, quand il a disparu, Janine Prévert m’a demandé si je pouvais l’aider à déchiffrer les manuscrits, à les transcrire, à les publier éventuellement. Comme j’étais alors l’un des rares universitaires, peut-être le seul, à avoir fait paraître un livre sur Paroles, et que ce livre avait été apprécié par Jacques, cela a dû inspirer confiance aux éditions Gallimard. Nous avons donc préparé l’édition de ce premier recueil posthume qui a été Soleil de nuit (1980) puis, avec Danièle, le deuxième, La Cinquième Saison, en 84. C’est immédiatement après Soleil de nuit que Gallimard m’a demandé de m’occuper de l’édition de la Pléiade.

– Donc ça vous a pris presque 10 ans pour sortir le premier volume à partir du moment où Gallimard vous l’a demandé ?

Arnaud – Ah oui, à peu près…

Danièle – Et Janine Prévert est morte à peu près un an après la sortie du premier volume… Pour elle, cette parution de Prévert dans la Pléiade était un événement. Elle était très contente du premier volume. Mais cette entrée de Prévert dans la prestigieuse collection a suscité des remarques du style « On n’explique pas Prévert… Comment ? Prévert sur papier bible ? ».

Arnaud – Ce qui est drôle c’est que Prévert ne détestait pas du tout la Pléiade, au contraire. On en avait parlé parce qu’il recevait souvent des volumes de la collection, de la part de Gallimard ; il m’en a offert un d’ailleurs, qui était la correspondance de Baudelaire, en me disant que la correspondance, ça ne l’intéressait pas !…

Danièle – Quand nous avons commencé à préparer la Pléiade, il n’y avait pas d’ouvrages de référence sur Prévert, en dehors d’un volume des « Classiques du XXe siècle » par une universitaire américaine, Andrée Bergens (aux éditions Universitaires. 1969, ndlr). Le livre de Gérard Guillot sur les frères Prévert (aux éditions Seghers, en 1967. ndlr) était axé sur le cinéma. Il y avait le « Profil d’une œuvre » d’Arnaud sur Paroles chez Hatier de 1972, mais pas d’éditions annotées…

– Lorsque vous avez fait toutes ces recherches pour la Pléiade, est-ce qu’il y a des choses qui vous ont surpris ? Peut-être par rapport aux thèmes abordés ? ou des choses qui vous ont étonnés ?

Danièle – Nous avons découvert les brouillons et les versions antérieures des textes. Je crois qu’on a révélé que Prévert travaillait beaucoup ses textes. Alors qu’on entendait constamment dire qu’il les griffonnait sur les tables des bistrots, qu’il improvisait, qu’il écrivait comme il parlait, etc…   Dans bien des cas nous nous sommes aperçu qu’il y avait des versions antérieures aux textes définitifs, tels qu’ils avaient été publiés. Pour « Inventaire », par exemple, il existe trois versions différentes de ce texte si célèbre. Nous avons retrouvé, dans les archives d’Agnès Capri, une version de « Coeur de  Docker » beaucoup plus longue que le poème publié dans Histoires. Ensuite Prévert a resserré le poème mais cette version longue est très intéressante. Pour « Enfance », souvenirs d’abord publiés dans le magazine Elle puis repris dans le recueil Choses et Autres, le dossier est impressionnant : Prévert a pris quantité de notes, fait des plans et quand il commence à rédiger son récit, il lui arrive de recommencer cinq fois le même paragraphe. Prévert est un perfectionniste et sa simplicité est du grand art.

Arnaud –  c’est l’un des rares cas où le dossier est resté pratiquement tel quel, parce qu’il voulait lui donner une suite… Il a écrit plusieurs plans éventuels, des notes pour une suite, et ce n’était pas une affaire classée pour lui. Dans d’autres cas il a jeté ses brouillons,  et ça c’est un point commun qu’il avait avec Victor Hugo.

Danièle – La deuxième surprise a été de découvrir à quel point les textes sont pleins de références culturelles ; on ne s’en doutait pas… Certaines nous ont peut être échappé car nous ne sommes pas savants sur tous le sujets mais Prévert nous console de nos ignorances… Il a écrit : « L’ignorance crasse est tout de même moins dégueulasse que le savoir absolu« . Mais pour prendre l’exemple de Proust, que je connais bien, j’ai pu repérer énormément de références de Prévert, parfois très cachées, à ses oeuvres. Il faut vraiment être un très bon connaisseur de Proust pour les voir…

« Le Miroir Brisé » (in. Paroles) s’éclaire vraiment à travers un texte de Proust. Je ne dis pas qu’il ne peut pas se lire sans la référence à Proust mais celle-ci nous en dit beaucoup sur le poème… Il est impossible, si l’on ne sait pas que Prévert fait écho à un passage de Sodome et Gomorrhe sur la mort de la grand-mère du narrateur, de deviner qu’il écrit ce poème en ayant à l’esprit – et au cœur – la mort de sa mère, à lui, Prévert. Chez Proust, le narrateur se penche pour rattacher sa bottine et tout d’un coup, le souvenir vivant de la grand-mère surgit, il la revoit, elle est vivante. Il y a chez Proust, déjà, la métaphore du miroir brisé… cette idée que l’être cher est retrouvé par cette traversée du miroir. Ce qui est drôle, c’est que j’ai lu chez un critique, qui s’est bien gardé de donner ses sources : « il a écrit ce poème pour évoquer la mort de sa mère« . Mais pour pouvoir affirmer cela, il y a tout un cheminement… qui passe par Marcel Proust.

– Dans l’introduction de la Pléiade, écrite en 1992, vous vous demandez, Danièle, si Prévert le poète le plus populaire de son siècle n’est pas méconnu ? Alors avec le recul, seize ans plus tard, diriez-vous la même chose ?

Danièle – Peut-être, d’une certaine manière, car malgré tout on entend encore dire qu’il écrivait comme il parlait, et c’est très dur d’aller à l’encontre des idées reçues. Mais en même temps, dans ces seize dernières années, il y a eu le deuxième volume de la Pléiade, des livres, des mémoires de maîtrise, des thèses, etc… Donc sans doute est-il un peu moins méconnu. Mais pour le grand public, c’est vrai qu’il y a encore cette idée que c’était un poète qui écrivait comme il parlait, que sa poésie est simple et facile, alors que cette facilité et cette simplicité relèvent plus de l’apparence que de la réalité…

Arnaud – A la Maison de Victor Hugo, place des Vosges, il y a, en ce moment même, une exposition sur Les Misérables, appelée « Les Misérables, roman inconnu ? » !

Danièle – Ça ne veut pas dire que, comme Les Misérables, Prévert n’est pas connu, mais qu’il est méconnu. Prévert, même pour ceux qui connaissent de lui plus que quelques poèmes lus à l’école, c’est surtout l’auteur de Paroles. Et ça, Janine nous disait que ça l’agaçait, qu’on ne connaisse que Paroles. Il avait de grandes discussions avec Mouloudji parce que le chanteur voulait toujours interpréter des poèmes et chansons tirés de Paroles et il lui disait : « mais enregistre des textes un peu moins connus ! ».

Arnaud – Ça, j’en ai été témoin. Je l’ai vu recevoir un disque de Mouloudji et me dire : « encore les mêmes! ».

Danièle – On le comprend d’ailleurs parce que son livre sur Miró est un des plus beaux qu’il ait écrits ! Et il est très peu connu. D’abord parce qu’il ne l’a pas inséré dans un recueil. On peut le lire, bien sûr, dans le tome 2 de la Pléiade, mais il n’est pas diffusé en collection de poche. Prévert parle de lui-même dans ce texte… de son art, même s’il n’aimait pas trop ce mot…

Dédicace à Arnaud Laster du livre Opéra de la lune par Jacques Prévert.

© Collection privée Arnaud Laster

– Pour revenir à ces aspects méconnus de Prévert, que cette exposition à la Mairie de Paris remet en valeur, est-ce que vous ne pensez pas que le fait que Prévert ait été cantonné à la poésie pour enfants, ça ne l’a pas en quelque sorte desservi ?

Danièle – C’est évident ! Il a longtemps été considéré comme un poète d’école primaire, voire maternelle.

Arnaud – C’est très étrange d’ailleurs. L’école a du bon et du mauvais, comme pour La Fontaine, que l’école a largement amené jusqu’à nous. Du coup ça reste.

Danièle – C’est juste. Les enfants qui ont appris les poèmes de Prévert s’en souviendront toute leur vie, avec un peu de chance.

Arnaud – Grâce à ça, on peut dire que pour tout le monde Prévert existe ! alors que d’autres comme Henri Michaux, René Char

Danièle – Je pense que le coté libertaire, le Prévert révolté est un peu mieux connu aujourd’hui… J’ai l’impression que dans les milieux universitaires, il est beaucoup plus accepté qu’il y a dix ou vingt ans. Quand on parle de Prévert, on a moins cette moue qu’on avait. Quand je parlais de Prévert, on me disait « Ah, oui … vous travaillez sur Prévert… Mais vous trouvez ça intéressant ? » ou « Quoi ? Vous travaillez sur Proust et vous travaillez aussi sur Prévert ? Mais quel rapport ? Comment peut-on faire un grand écart pareil ? » J’ai entendu bien souvent ce genre de remarques ! Mais la perception que les gens ont de Prévert se modifie, dans le bon sens heureusement…

Arnaud – Pour le cinéma, c’est quand même l’un de ceux qui émergent le plus en tant que scénariste-dialoguiste.

Sur le site de l’INA, on trouve quelques émissions, telle cette interview par Pierre Dumayet, dans laquelle Prévert s’adresse directement à la caméra en parlant au spectateur il semblait avoir bien apprivoisé ce nouveau moyen de communication ?
(Cliquez sur ce lien pour voir l’extrait en question, extrait de l’émission Le Temps de Lire en janvier 1970 pour l’ORTF).

Arnaud – Il s’intéressait beaucoup à la télévision, elle était presque toujours allumée mais souvent, lorsqu’il recevait au moins, sans le son !

Danièle – C’était quelqu’un qui était passionné par les images.

Arnaud – C’était une lucarne sur le monde, et il était un téléspectateur très critique, qui voyait bien à quel point ça pouvait être un instrument de manipulation, il disait : « ça pourrait être la plus merveilleuse des choses et malheureusement… »

Danièle – Mais il la regardait quand même !

Arnaud – Certes oui, car il voulait voir comment on arrivait à faire passer des messages. Et puis, ça je ne l’ai pas mis dans l’article que j’ai écrit pour le catalogue de l’exposition, mais lorsque nous avons fait cette émission en 74, il y a un morceau qu’on a passé d’une musique qu’on aimait beaucoup, lui et moi, tiré des Planètes de Gustav Holst, un compositeur anglais. C’était dû au fait qu’il avait entendu cette musique accompagnant un documentaire réalisé par le ministère des armées et qu’il avait été sidéré qu’on ose mettre sur des images de bombardiers en vol, une musique qui était joyeuse, jubilatoire. Il disait à peu près : « C’est vraiment d’une malhonnêteté totale ! Pour faire passer ces images, on met cette musique, comme ça le spectateur est presque euphorisé. Alors que si, sur ces mêmes images, on mettait une musique de guerre, ça ferait un effet diamétralement opposé ». Donc au cours de l’émission on a fait l’expérience de passer le morceau des Planètes, « Jupiter », me semble-t-il, celui qui était joyeux, et puis  celui qui était belliqueux, « Mars », et on a dit aux auditeurs : « Ne trouvez-vous pas que l’effet des mêmes images peut différer du tout au tout, selon qu’on les illustre par la première musique ou bien par celle-ci? »

– Cette émission était axée uniquement sur les musiques qu’il aimait ? Et principalement des musiques classiques, je crois !

Arnaud – Oui, il avait un vrai plaisir à entendre des musiques dites classiques, mais pour lui ce qualificatif ne voulait rien dire, il y avait la musique qu’il aimait et les autres !
Et ça lui faisait plaisir de le faire savoir, de même que la sympathie qu’il éprouvait à l’égard de certains écrivains. Je lui avais dit qu’on pourrait aussi passer des chansons sur ses textes, et il n’était pas très pour… J’ai eu l’impression qu’il voulait briser des images toutes faites qu’on pouvait avoir de lui.

Danièle – Mais dans ses textes, il évoque certaines musiques de Haendel, Vivaldi, Alban Berg, Stravinsky, Carl Orff

Arnaud – Oui, et le fil conducteur de l’émission, c’était précisément ces textes. Et il était reconnaissant à la radio, qu’il aimait beaucoup écouter, surtout avant que la télé prenne une telle place, de lui avoir révélé des musiques. Il s’est fait une partie de sa culture musicale par la radio. Janine, qui aimait aussi la musique, y a peut-être contribué ; et, ayant été danseuse, elle a sûrement conforté son intérêt pour la danse, attesté par la rédaction de plusieurs arguments de ballets.

Danièle Gasiglia-Laster et Janine Prévert au cap de la Hague dans les années 80.

© Collection privée Danièle Gasiglia-Laster

– J’aimerais maintenant que vous me parliez de Janine Prévert que vous avez bien connue jusqu’à sa mort en 1993. Pour tout amateur de Prévert, la biographie d’Yves Courrière, publiée en 2000, est une référence. Mais il fait un portrait au vitriol de Janine Prévert surtout en ce qui concerne les dernières années de Jacques Prévert. Comment trouvez-vous ce portrait et pouvez-vous nous parler d’elle ?

Danièle – Les propos rapportés sur Janine sont souvent méchants et très injustes…

Arnaud – … Ce sont des témoignages unilatéraux, presque tous des témoignages à charge.

Danièle – Uniquement de gens qui ne l’aimaient pas. On ne nous a pas demandé le nôtre. Celle que nous avons connue était une femme courageuse et généreuse. Une femme petite et menue, fragile et malade, qui a été attaquée par beaucoup de gens parce que certains anciens copains de Prévert voyaient d’un mauvais oeil qu’il se range, qu’il vive avec cette femme, qu’il les voie beaucoup moins. Et il y a eu plusieurs règlements de compte posthumes, d’autant plus choquants qu’elle n’était plus là pour répondre.
Janine était une femme déchirée, tourmentée, parfois difficile dans ses rapports avec les autres, à cause de ces déchirements, mais qui avait beaucoup de qualités. Elle nous a vraiment laissé travailler en toute liberté, nous a accueillis chez elle, nous a donné accès à toutes ses archives.

Arnaud – Elle était en fait bien différente de l’image qui en est donnée dans ce livre…

Danièle – Il ne s’agit pas d’en faire une hagiographie ! Je peux le dire car je me suis souvent engueulée avec elle : toutes les deux, nous avions notre caractère. Mais après les disputes, nous tombions dans les bras l’une de l’autre en pleurant. Peut-être qu’à cause de ce caractère un peu difficile, elle se brouillait avec des gens qui ne voyaient pas toute la sensibilité et la générosité qui se cachaient sous ses reparties parfois un peu vives.

– Et vous Arnaud, est-ce que quand vous alliez Cité Véron à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix vous aviez remarqué ces rapports entre Janine et Jacques Prévert ?

Arnaud – Écoutez, c’est très simple. Janine était d’une discrétion totale: c’est-à-dire qu’elle se bornait à peu près à venir dire « bonjour », à apporter un thé éventuellement puis à dire « au revoir » et c’était à peu près tout ! Il faut dire les choses comme elles sont ! Elle ne prenait pas part à la conversation qu’on pouvait avoir, Jacques (Prévert) et moi, pendant 3 heures d’affilée quelquefois.
À Omonville-la-Petite, c’était différent. Quand j’arrivais, elle était là avec Jacques (Prévert), c’est elle qui conduisait la voiture. Là, elle a été continuellement présente pendant les discussions, nos enregistrements, mais c’était un autre contexte. Et puis, Jacques, Janine et moi, nous étions devenus de plus en plus amis. J’ai fait un petit film en 8 mm où ils apparaissaient et aussi leur fille Michèle et Eugénie, née quelques mois auparavant; je suis venu le leur projeter; il leur a plu; un peu après, ils m’en ont demandé une nouvelle projection en présence de Michèle; ça nous a encore rapprochés. Je n’ai jamais eu l’impression, de la part de Janine, d’une espèce de mainmise sur Jacques. Il ne se serait jamais laissé manipuler. A lire ce qui a été écrit sur elle, on pourrait vraiment s’y méprendre…

Dédicace de Jacques Prévert à Arnaud Laster
sur la page d’introduction du Profil d’une Oeuvre paru chez Hatier en 1972.

© Collection privée Arnaud Laster

– C’est pour ça que ça me parait important, comme vous l’avez bien connue, de pouvoir donner un autre point de vue. Car pour beaucoup de gens qui ne savent pas tout ça, leur base c’est souvent ce qu’en dit Yves Courrière et on se dit que ça devait être une femme très possessive et dure envers les amis de Jacques Prévert.

Danièle – Moi, je me rappelle qu’elle nous a dit : « On me déteste, mes enfants. Mais vous, vous me défendrez après ma mort, n’est-ce pas ? Je compte sur vous ». Donc il faut que nous le fassions ! Je l’avais déjà défendue à ma manière, de son vivant, dans ma biographie de Prévert qui est parue, bien avant celle d’Yves Courrière, chez Séguier, en 1986, sous la forme d’un grand album avec de nombreux documents, puis en 1994, après sa mort, dans un format plus petit, « revue, augmentée et corrigée », sous le titre Jacques Prévert, celui qui rouge de coeur.

Arnaud – Elle était convaincue qu’elle allait « déguster » ! Et elle disait que Jacques (Prévert) l’avait prévu: « Ça sera la chasse à courre contre mon petit lapin du Gâtinais » (elle était originaire du Gâtinais).

Danièle – Je pourrais raconter deux anecdotes que je trouve très révélatrices sur elle.
Une fois, nous étions au restaurant et nous avons vu arriver un petit garçon qui vendait des roses. Nous avons eu l’attitude un peu lâche de beaucoup de gens dans ce type de situation et nous avons détourné la tête. Je me rappellerai toujours la gentillesse de Janine avec ce petit garçon. Son visage s’est éclairé, elle a regardé l’enfant en souriant et lui a dit avec douceur : « Mon petit… viens me voir. Qu’est-ce que tu fais ? Tu vends des fleurs ? Mais elles sont très jolies, tes fleurs. Je vais t’en acheter. » Puis elle a sorti son porte-monnaie et lui a acheté tout son bouquet. L’enfant n’en revenait pas. Elle l’a embrassé et il est parti heureux, ébloui…

Arnaud – Ce n’était pas ostentatoire, c’était un comportement à la Prévert !

Danièle – Elle nous a donné une belle leçon de savoir-vivre, au sens ou Prévert l’aurait entendu, au sens très profond !
J’en viens à la deuxième anecdote… Excusez-moi d’entrer dans quelques détails un peu personnels mais je suis obligée de le faire pour resituer les choses dans leur contexte.
Mon père a quitté ma mère assez tard – après quarante ans de mariage – pour partir vivre avec une toute jeune femme. Deux ou trois années plus tard, j’ai appris que j’allais avoir un demi-frère. C’était pour moi un véritable choc. Janine nous a téléphoné ce jour-là. Arnaud lui a dit d’un ton sinistre ce qui se passait et elle a éclaté de rire. Elle s’est écrié : « Mais tu me dis ça comme si tu enterrais quelqu’un ! Il s’agit d’une naissance et pas d’une mort ! La vie, ce n’est jamais triste ! Ne faites pas toutes ces histoires ! » J’ai d’abord été un peu en colère contre elle puis j’ai réfléchi et je me suis dit qu’elle avait raison et que Prévert aurait pu me dire la même chose. Il faut préférer la vie à la mort et puis se concentrer sur ce qui nous tient le plus à coeur dans la vie ; et du coup j’ai accepté sans tourments cette naissance un peu inattendue, ce demi-frère qui arrivait un peu tard. J’ai même imaginé que c’était peut-être une chance d’avoir un demi-frère. En tout cas, grâce à cette réaction de Janine, j’ ai accepté avec sérénité une situation qui m’avait sur le moment fortement perturbée.
Ces deux petites histoires la révèlent bien, permettent de se rendre compte de ce qu’il y avait de profond en elle.

Arnaud – Et puis elle pouvait être très rieuse aussi. Évidemment, elle était pleine de souvenirs de Jacques (Prévert), elle racontait et racontait…

Jacques Prévert ajoute « délinquance juvénile » sur les années 1916/1919 de la chronologie
de sa vie dans Profil d’une Oeuvre paru chez Hatier en 1972.

© Collection privée Arnaud Laster

– Est-ce qu’elle vous parlait des films de Prévert ? Ses préférés ?

Arnaud – Ah oui, elle en parlait ! Elle parlait beaucoup de Carné d’ailleurs.

– Je ne sais pas si elle en parlait en bien ! (rires)

Danièle – Si, elle disait qu’elle était l’une des rares femmes que Carné tolérait ! Qu’il avait toujours été gentil avec elle, alors qu’il ne l’était pas toujours avec les femmes? Elle en avait gardé plutôt un bon souvenir, alors qu’entre Marcel (Carné) et Jacques (Prévert), l’entente n’avait pas toujours été parfaite.

Arnaud – Jacques (Prévert) m’avait parlé de ses rapports avec Carné. Plus d’une fois il avait arrangé beaucoup de choses. Il m’avait dit que certains acteurs, des gens, voulaient lui faire un mauvais coup. Prévert avait réussi avec diplomatie à les en dissuader.

– Comment en parlait-il ? Car on sait qu’ils n’étaient pas véritablement amis.

Arnaud – Pas amis ? En fait, je n’en sais rien. Du temps où ils faisaient les films ensemble, ils se voyaient quand même pas mal et auraient-ils pu travailler aux mêmes films pendant plus de dix ans sans être amis? C’est vrai qu’à un moment ils se sont éloignés l’un de l’autre, mais j’ai l’impression que cela a été moins brutal qu’avec Joseph Kosma ! Il n’était pas fâché avec Carné. L’intervention de celui-ci dans Mon frère Jacques, le film de Pierre Prévert, en est un signe. Je suis certain que Jacques (Prévert) avait une très grande estime pour Carné.

– Est-ce qu’il parlait de cette grande époque ?

Arnaud – Ah oui, mais sans aucune amertume. Il ne parlait pas beaucoup de choses personnelles, c’était plutôt de sujets d’actualité. Mais de ses propres relations avec untel, pas tellement. J’ai raconté quelques petites choses qu’il m’avait dites sur Grémillon dans le catalogue de l’exposition Prévert à Paris. Je lui avais confié que Remorques me plaisait un peu moins que Lumière d’été ; ça l’a réjoui car lui aussi aimait beaucoup Lumière d’été. Pour Remorques, il ne m’a pas dit grand-chose, juste: « oui, il avait un problème, hein ? Grémillon. C’est qu’il était mélomane ! ». Peu à peu j’ai compris ce qu’il voulait dire en dehors du jeu de mots : Grémillon avait la manie de la musique, peut-être une forme de douce manie, et à la fin de Remorques, il y a cette cantate qui n’était pas du tout prévue dans le scénario. J’ai découvert plus tard que, dans une interview, Jacques avait dit qu’il s’était vraiment engueulé avec Grémillon là-dessus, qu’ils ont failli ne plus travailler ensemble car c’était quelque chose qu’il n’aurait absolument pas pu écrire ni accepter s’il avait été consulté. Et qu’il ait conservé son amitié à Grémillon malgré ça prouve qu’il devait vraiment l’aimer beaucoup car il y avait des choses qu’il ne pardonnait pas…
Avec Carné il m’a raconté des choses qu’il a dites par ailleurs, la tension au moment de La Fleur de l’âge

– L’histoire du télégramme où il a écrit: « rentre tes grands chevaux dans tes petites écuries » ?

Arnaud – Mais enfin, je trouve qu’il disait cela d’un air plus amusé qu’irrité !
Longtemps, je n’ai pratiquement pas parlé de mon amitié avec Prévert car ça m’agaçait d’entendre parler certains qui la « ramenaient » en disant : « moi qui ai bien connu Prévert« … Sans compter les exagérations de gens qui disent qu’ils l’ont rencontré et qu’ils ne sont plus quittés ! C’est drôle car je suis allé très fréquemment voir Prévert et je ne les ai jamais vus…

Jacques Prévert ajoute en bas de page concernant les années 1916/1919 de la chronologie
de sa vie : « Cette façon de dire n’était pas en usage à l’époque« .
(in.Profil d’une Oeuvre paru chez Hatier en 1972)

© Collection privée Arnaud Laster

– Quelle est l’image que vous garderez de Prévert ?

Arnaud – L’esprit critique, la remise en question des automatismes, de toutes les idées reçues qui passent par le langage. Ne pas répéter machinalement ce qui se dit mais essayer de se faire sa propre opinion et puis savoir dire non… Savoir dire ce qu’on a dans la tête et dans le coeur, ce qu’on aime bien et puis ce qu’on n’aime pas. C’est parmi les choses de lui qui me restent le plus. Et puis savoir rire de beaucoup de choses, mais un rire assez tonique, pas un rire trop superficiel. C’est pas pour rien qu’il a voulu relire L’Homme qui Rit de Victor Hugo quand il était déjà malade et qu’il m’a demandé de le lui envoyer… C’était le roman le plus susceptible de lui plaire… et il se trouve que c’est aussi celui que je préfère.

Danièle – Oui, l’esprit critique… garder constamment une distance critique, par exemple avec les informations qui sont diffusées à la télévision et dans la presse. Si les gens pouvaient apprendre ça… Ils sont tellement crédules ! Ils lisent un livre parce qu’il a eu de bonnes critiques, il vont voir un film pour le même raison et ils n’osent pas avoir un avis personnel. Enfin… ne généralisons pas. Beaucoup de gens… la plupart, disons, croient que ce qu’ils ont entendu à la radio ou à la télé est forcément la vérité. C’est assez étonnant de voir à quel point Hebdromadaires est toujours d’actualité !

– La propagande de la presse tous bords confondus semble plus forte aujourd’hui qu’à l’époque de Hebdromadaires

Arnaud – Je dirais qu’on revient plutôt à la situation d’avant 68 sur ce sujet !

Danièle – Les informations sont très souvent orientées, c’est vrai. Mais heureusement, Prévert nous a appris à nous méfier…
Pour la sortie du premier volume de la Pléiade, il y a eu un grand article dans un journal nationaliste d’extrême-droite disant que « Prévert était le dernier poète français ! » Un article très favorable d’ailleurs. Nous étions consternés ! Nous aurions préféré un éreintement !
Donc la récupération, on peut toujours la faire. Mais ses textes s’y prêtent tout de même moins que d’autres.

Arnaud – Je ne crois pas qu’on puisse vraiment lui faire dire des choses contraires à ses propos, mais en revanche les tentatives de récupération n’ont pas manqué…

Danièle – Je me souviens d’un ministre de la culture, François Léotard, parlant de Prévert en disant qu’il l’aimait beaucoup et que « de toutes façons son côté révolté, vous savez, c’est ludique, faut pas prendre ça au premier degré ». Il s’en sortait comme ça.
Et puis ce qui est très instructif, c’est de voir tout ce qu’on peut dire maintenant comme sottises – restons polis – ou comme énormités à propos de Prévert. On pourra lui faire dire tout ce qu’on veut, ses écrits sont là et démentent tout ce qui peut être proféré de faux sur lui. J’ai lu récemment, je ne sais plus de qui, qu’il mettait plus haut l’amitié que l’amour : toutes ses oeuvres disent le contraire. Il avait eu cette formule: « Quand je ne serai plus, ils n’auront pas fini de déconner, ils me connaîtront mieux que moi-même…». Nous avions beaucoup hésité à mettre ces propos, dont nous n’avions pas de trace manuscrite – il s’agissait de propos recueillis – dans le recueil posthume Soleil de nuit. Mais Janine y tenait beaucoup. Et il me semble, en définitive, qu’elle avait raison…

Le premier livre écrit par Arnaud Laster en 1972 paru du vivant de Jacques Prévert et qui a obtenu son assentiment : Profil d’une oeuvre, Paroles, Hatier.

Danièle Gasiglia-Laster commente Paroles dans la collection Folio de Gallimard paru en 1993.

Jacques Prevert – Celui Qui Rouge De Coeur :
La biographie écrite par Danièle Gasiglia-Laster paru en 1994 aux Editions Seguier.

 

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