1974 – La Merveilleuse Visite

fiche technique / synopsis / revue de presse


LA MERVEILLEUSE VISITE (1974)

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Photographie rare d’une projection de presse

Le dernier film de fiction de Marcel Carné est, une fois de plus, introuvable.
Peu vu à l’époque, jamais diffusé à la télévision, il vous faudra dénicher la VHS épuisée sortie par TF1 VIDEO en 1995 si vous désirez le voir.

Basé sur un livre assez rare de H.G Wells, l’auteur de La Guerre des Mondes, La Merveilleuse Visite est « l’histoire d’un ange arrivant sur la Terre et se heurtant, malgré sa bonne volonté, à l’incompréhension, puis à l’hostilité et enfin à la haine, alors qu’il n’était que douceur et pureté« . Marcel Carné une fois de plus a tellement eu du mal à trouver un producteur pour financer ce film qu’il mit trois ans à le faire (plus qu’aucun autre de ses films). Il travailla avec Didier Decoin, le fils du réalisateur Henri Decoin et Robert Valey à l’adaptation du livre.
Pour l’ange il envisagea de donner ce role à l’acteur Hiram Keller qui venait de jouer dans le Satyricon de Fellini mais ce fut finalement Gilles Kohler, un ancien cover-boy qui joua dans Bilitis! et l’Arme Fatale!, qui fut choisi pour ce qui sera sa première apparition à l’écran. Le tournage fut particulièrement épique pour des causes multiples, principalement du aux producteurs Jacques Quintard puis Roger Delpey. Lire ce que raconte Marcel Carné dans son autobiographie, Ma Vie à Belles Dents aux editions l’Archipel, dans laquelle il ne mâche pas ses mots.
Après un bon accueil du film à sa présentation au Marché du film à Cannes ainsi qu’aux premières organisées dans quelques villes, le film sortit dans quelles salles à Paris avant d’être retiré de l’affiche subitement par le distributeur Gaumont. Bien évidemment le film s’était fait étrillé par les critiques comme Henri Chapier ou Baroncelli qui écrivit : « Si l’innocence peut être une source de fraicheur, elle peut être aussi une source d’affectation et de puérilité« .
Le film reçut divers prix à l’étranger dont celui du Film Fantastique à Hollywood en 79.

A découvrir le film plus de 30 ans après, on ne peut s’empêcher d’être gêné par l’acteur principal qui apparait beaucoup trop typé (blond, androgyne, efféminé etc…). Ce qui n’est pas un problème en soi bien évidemment mais en l’occurence Gilles Kohler n’a aucun charisme et semble se balader dans le film tel un ingénu béat.
Une fois que l’on fait abstraction de cette erreur de casting, le film parvient à nous toucher par une naïveté propre au Merveilleux revendiqué par Carné. Ce qui en fait comme quasiment tous les films de Carné un film à déconseiller aux cyniques, aux esprits rationnels, à ceux qui analysent toujours avant de ressentir une émotion.
Il faut se laisser emmener par cette histoire d’un ange qui veut faire le bien et ne rencontre qu’incompréhension. D’ailleurs comment ne pas y voir un rapport avec la propre relation de Carné avec le milieu du cinéma ? Cette incompréhension qu’il subira toute sa vie et ce trop plein de sensibilité qu’il tenta de masquer derrière un visage tyrannique sur les plateaux.
Alors, bien sur le film est loin d’être parfait mais les acteurs dans l’ensemble sont assez convaincants avec une mention spéciale à Roland Lesaffre à la fin du film, le montage est rythmé, la musique d’Alan Stivell sert bien l’histoire tout comme les extérieurs du film en Bretagne qui mettent en valeur les falaises de la Pointe du Van à Pen-Hir, de Sizun ou du village de Saint-Guénole.
Soulignons également la qualité poétique de certains dialogues du film ainsi que l’une des plus belles séquences du film lorsque l’Ange emmène la servante Délia sur les rochers tandis que la lumière d’un Bleu-Nuit enveloppe la scène d’un onirisme rarement vu chez Carné.
Et puis comment ne pas citer la fin du film, qui rappelle le film Jonathan Livingstone, le Goéland sorti l’année précédente (1973), qui est assez bouleversante, l’Ange pour échapper à la vindicte populaire tombe en arrière d’une falaise et se transforme en goéland.
Et l’on pense à ce que disait Carné à la sortie du film devant le succès de films à l’époque où la violence et le sexe étaient roi : « Est-ce qu’il y a en France des gens encore capable de rêver ?« 
(Pariscope. 27 novembre 1974)

FICHE TECHNIQUE

Scénario : d’après un conte de H.-G. Wells.
Adaptation : Marcel Carné, Didier Decoin et Robert Valey.
Dialogues : Didier Decoin.
Images : Edmond Richard (Eastmancolor).
Décors : Louis Le Barbenchon d’après les maquettes de Bernard Evein.
Son : René Longuet.
Musique : Alan Stivell.
Montage : Henri Rust.
Assistant réalisateur : Patrick Brown.
Interprètes : Roland Lesaffre (Ménard), Gilles Kohler (Jean, l’ange), Deborah Berger (Delia), Lucien Barjon (le recteur), Mary Marquet (la duchesse), Jean-Pierre Castaldi (François Mercadier), Yves Barsacq (le docteur Jeantel), Jacques Debary (le Père Léon), Pierre Repécaud (l’enfant), Tania Busselier (Lucette).
Production : Mandala Films, France Films Productions, ORTF/Paris et Zafes/Rome.
Producteurs : Jacques Quintard, Roger Delpey.
Sortie : 27 novembre 1974
Titre envisagé : L’Oiseau de mer.
Durée : 100 minutes.
Distinctions : Prix du Film fantastique (Hollywood, 1979) ; Prix du meilleur film étranger (San Antonio, 1978) ; Prix Saint-Thomas (Îles Vierges, 1977). Quatre Grands Prix du meilleur film étranger (Pays de l’Est). Prix de l’Association française de la critique de cinéma (1977).

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SYNOPSIS

Un matin, le recteur d’un petit village breton découvre le corps d’un jeune inconnu gisant nu sur la grève. Au presbytère où on l’a transporté, l’inconnu retrouve ses esprits et déclare qu’il est un ange tombé du ciel. Précisément la nuit de la Saint-Jean.

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REVUE DE PRESSE

POSITIF, janvier 1975  n° 165 (Michel Ciment)
Le réalisateur des Visiteurs du soir qui, tous les exégètes vous le diront, est également attiré par le fantastique et le réalisme, s’interroge aujourd’hui sur le sexe des anges.
REVUE DU CINÉMA, février 1975 n° 293 (GillesColpart)
Carné fait donc figure de «free lance », d’indépendant, de marginal même. Non seulement il ne s’en cache pas mais il s’en flatte. Cela est évidemment lié au système de production, dont les contingences économiques semblent incompatibles avec les sujets personnels proposés par Carné qui, apparemment, refuse tout compromis. II a en cela moins de mérite qu’un jeune réalisateur qui aurait ainsi à perdre ses perspectives d’avenir, mais ce refus demeure exemplaire, suffisamment pour être souligné… le film est cette fois-ci réussi, et beau, dans une simplicité généreuse… Le montage est sans grande originalité, le découpage technique est simpliste : champs, contrechamps purement fonctionnels où l’on sent encore presque la présence du clap et le mot d’ordre de départ; les fautes de raccord sont nombreuses, qui n’ont rien du «faux raccord » volontaire. Vraisemblablement inhérent aux difficiles conditions de préparation et de tournage, cela vient par bonheur contribuer au ton de naïveté.

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Affiches


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Photographie rare à la sortie d’une projection de presse

Cette photographie a été prise en 197x par Michel Giniès (avec son aimable autorisation)


De gauche à droite : Roland Lesaffre, Tania Busselier, Marcel Carné, Gilles Kohler

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LIENS

1 – La page consacrée au film sur le site incontournable DVDTOILE.
2 – Une page sur PONT-CROIX (Finistere) la ville ou fut tournée une partie du film.

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11 Responses to “fiche technique / synopsis / revue de presse”

  • Anne-Claire G.

    J’ai revu hier La Merveilleuse Visite à la Cinémathèque dans une version malheureusement pas à la hauteur de la beauté de l’oeuvre. Mais j’y ai retrouvé mes 13 ans de l’époque, la musique d’Alan Stivell et ai pu savourer les dialogues si bien ciselés. Entre la Duchesse qui a une voix de mouette et celle qui parle comme la mer, c’est un bonheur à voir et entendre. J’avais complètement oublié la scène digne de St François d’Assise où les animaux retrouvent leur liberté. Un film à diffuser large librement très bien comme auraient dit Avron & Evrard.

  • Jacques

    Un merveilleux souvenir de jeunesse que ce film qui de fait échappe au cynisme et la préciosité des critiques français. C’est trop simple pour les esprits compliqués. Simplicité mais pas simplisme et une profondeur pour qui sait regarder « au-delà » avec des yeux purs. Merci Marcel Carné.

  • Beauchêne Julien Klaatu Revue

    Je pense, effectivement, qu’il s’agit de l’unique diffusion. Justement parce que Dionnet avait pris l’initiative de le réhabiliter. Mais depuis ? A-t-il été à nouveau diffusé sur une chaîne ? L’enquête est ouverte. Je sais que Canal+ a eu l’exclusivité des droits de diffusion après que TF1 a perdu les siens, et si la collection de DVD Cinéma de Quartier s’était poursuivie, Dionnet l’aurait très certainement ajouté à son calendrier. Maintenant, qui détient les droits ? Gaumont ? Est-il du moins dans leur catalogue ?
    Affaire à suivre.
    Cordialement,
    Julien.

  • Beauchêne Julien Klaatu Revue

    Bonjour,
    Le film a bien été diffusé – et présenté – par Jean-Pierre Dionnet dans le cadre du Cinéma de Quartier sur C+ le 29 décembre 2004.
    Cordialement.

  • gandahar

    Ce film est disponible en DVD en russie !!
    Assez incroyable mais de nombreux films jamais edités en DVD en france le sont dans d’autres pays, alors messieurs-dames, vous savez quoi faire pour trouver les perles rares que nos distributeurs franchouillards ne considèrent pas comme assez rentable ou digne d’interêt.

  • philippe m.

    Merci Madame pour ce message qui aurait fait plaisir à Marcel Carné. Cela me conforte dans mon souci de consacrer sur ce site plusieurs pages à chacun des films de ce grand cinéaste même le film considéré comme le plus mineur car il y aura toujours quelqu’un comme vous pour qui ce film a été important.
    Très sincèrement, je suis heureux d’avoir pu vous faire ce plaisir.
    Merci pour lui.
    Philippe M.

  • Ce film a été diffusé à la télévision, puisque c’est là que je l’ai découvert et donc vu, une seule fois, et je n’ai pas pu le voir ailleurs.
    C’est un film que j’ai vu adolescente, puisqu’en 74 j’avais 12 ans, et qui m’avait beaucoup émue alors.
    Je peux dire qu’il a laissé une trace indélébile dans ma mémoire, et je suis ravie de pouvoir en retrouver quelques images et autres traces sur Internet.

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