Documentaires

le documentaire sur La Fleur de l’Age de Claudine Bourbigot et Elisabeth Feytit (2004)


Carnet de Naufrage, Histoire d’un film disparu

de Claudine Bourbigot et Elisabeth Feytit – 2004

Captures du documentaire « Carnet de Naufrage »Liens

Avec l’aimable autorisation de Paco FERNANDEZ et l’équipe d’Injam Production.

« Carnet de naufrage » est un documentaire consacré au tournage inachevé du film « La Fleur de l’Age » que Marcel Carné a essayé de tourner en 1947 d’après un scénario de Jacques Prévert. Document remarquable car outre le fait qu’il soit bien filmé, les deux réalisatrices de ce film ont retrouvé à Belle-Ile-En-Mer, où s’est déroulé le tournage, des personnages clés, haut en couleur, que l’on interviewe rarement dans ce genre de sujet.

Par exemple, nous avons la joie de voir Lucie Gautro qui était secrétaire de mairie à l’époque nous lire un extrait du télégramme qu’adressa Marcel Carné le 21 mars 1947 à la mairie pour les remercier d’accueillir ce tournage. Il les assure qu’il serait très heureux d’illustrer dans son prochain film « les beautés profondes de leur île« . Nous y croisons également le comédien Jacques Fonson qui avait 16 ans à l’époque racontant le trouble émotionnel de son audition devant Arletty, celle-ci étant une amie de sa mère. Ou bien Huguette Faget, apprentie comédienne et amie de la famille Prévert,qui est partie à Belle-Ile faire de la figuration en juin 47 grâce à un ami qui faisait partie de l’équipe de tournage. Il y a aussi Marie-Gabrielle Golchen qui était en apprentissage de couture et qui a demandé trois jours pour faire de la figuration sur le port « ça a été assez mal coté » dit-elle et ajoute « il y a beaucoup de parents. qui n’ont pas voulu que leur fille aille danser sur le quai« . Certains se souviennent de l’apparition de Martine Carol qui fit sensation sur cette île dont les moeurs en 1947 n’étaient pas aussi libéré qu’à la capitale. Jean-Maurice Vinet, au look de loup de mer authentique, se souvient que c’est à la terrasse du Risque-Tout que certaines membres de l’équipe de tournage allaient bronzer et que « c’est là qu’on a vu les premiers seins nus« . Finalement le tournage est arrêté et Jojo Nédélec se souvient avec émotion que « c’était quelque chose le tournage de La Fleur de L’Age« .

L’un des passages les plus émouvants est l’apparition peu de temps avant sa mort du comédien Pierre Trabaud. Il venait de jouer dans le beau film de Jacques Becker Antoine et Antoinette avec Serge Reggiani grâce à qui il pu être pris dans La Fleur de l’Age. D’une voix rendue caverneuse par la maladie, il raconte ses essais, comment il avait été engagé à contre-emploi pour un rôle de « colosse » avant que Carné se ravise et lui propose un autre rôle. Mais Pierre Trabaud ne l’entend pas ainsi et demande à voir le scénario pour savoir quel sera son rôle. Il raconte que ce manège dura un mois et demi sans qu’il n’obtienne satisfaction alors qu’il explique qu’il ne voulait pas « tourner pour de l’argent, pour être connu« , et il ajoute « ça dépend du rôle !« . Mais finalement il cédera à raison même s’il ne tournera qu’une scène.
Toutes ces interventions apportent beaucoup d’humanité à ce documentaire et en font un modèle du genre.

Mais Claudine Bourbigot et Elisabeth Feytit ne s’arrêtent pas là et vont interroger tour à tour Jacques Bourguin, historien du ministère de la Justice, mais aussi la réalisatrice Agnes Obadia qui elle aussi a menée l’enquête pour retrouver les rushes perdus de ce film mythique. Guy Girard, réalisateur, a également tenté à son tour de retrouver ces bandes pour la fameuse émission des années 80 de Claude Ventura « Cinéma, Cinémas« . Mais l’inénarrable Serge Bromberg de Lobster Films lui est persuadé que ses bobines existent encore mais que la personne qui les a ne le sait peut-être même pas !
Or comme il s’agit de pellicule nitrate, celle-ci s’auto-détruit au bout d’une cinquantaine d’année, ce qui nous amène pile aujourd’hui en 2007.
Prions pour que si elles existent encore, ces bobines soient découvertes à temps !
Ces bandes ont été perdues par Carné nous raconte Carole Aurouet, la spécialiste de Jacques Prévert, mais la rumeur voudrait qu’il les aurait caché quelque part car il a toujours été plus ou moins évasifs à leur propos… Vers la fin du documentaire nous écoutons l’intervention téléphonique de Margot Capelier, l’assistante de Jacques Prévert à l’époque, qui est la dernière personne à avoir vu ces bandes : « C’était d’une beauté rare » dit-elle.

Ce documentaire a reçu le prix Armen du Festival de cinéma de Douarnenez en 2005. Il a été diffusé en France sur le cable et le satellite, sur la chaîne Odyssée en 2005 et Histoire en 2006.
Claudine Bourbigot et Elisabeth Feytit ont par ailleurs réalisée en 2003 le documentaire « Pourquoi, pourquoi vous violez les femmes ?« . En 2006 elles ont reçu l’Aide à la réalisation du scénario pour leur première oeuvre de fiction : « la fille du boulanger » au festival du court métrage de Grenoble. D’autre part Claudine Bourbigot a reçu le prix du scénario au festival de Femmes de Créteil en 2006 pour « Chronique Boulangère« . Claudine Bourbigot avait aussi co-réalisée le documentaire « D’elles, d’îles en ils » en 2001 tourné à Belle-Ile-En-Mer.

Carnet de Naufrage est disponible sur Internet au visionnage et au téléchargement par V.O.D sur le site de Vodeo.tv (voir le lien direct ci-dessous).

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Captures du documentaire Carnet de Naufrage














Dans ce documentaire apparaissent à l’écran quelques coupures de presse assez rares sur le tournage mais aussi sur le fait divers qui a inspiré le scénario de Jacques Prévert :













Une rare photographie en couleur du film


Et voici une affiche très rare qui date de la première version du scénario en 1937
qui s’appelait : L’Ile des Enfants perdus.



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Liens

1 – Voici le lien direct pour Injam Production
2 – Sur le site d’Injam Production, vous pouvez retrouver une très complète page sur ce documentaire.
3 – Vous pouvez visionner (2.99 €), télécharger (5.99 €) ou acheter le dvd de Carnet de Naufrage
sur le site de Vodeo.tv


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