1938 – Hôtel du Nord

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HÔTEL DU NORD (1938)

Fiche techniqueSynopsisRevue de presse Story (english)Comments (english)AffichesPhotographie rare de Jean-Pierre AumontExtrait du tapuscrit original (collection Jean-Pierre Jeunet)LiensLa Bande-Annonce (Dailymotion)

MIS A JOUR LE 25 JUIN 2023

L’éditeur Potemkine vient de sortir une nouvelle édition d’Hôtel du Nord, avec des bonus inédits, en Combo Blu-ray + DVD.

Aucune info s’il s’agit d’une nouvelle restauration.

Les bonus de cette édition sont inédits en France :
« Au cinéma ce soir : Hôtel du Nord » : entretiens avec Marcel Carné, Arletty, Jean-Pierre Aumont et Henri Jeanson (1972, 21′)

« Hôtel du Nord, histoire d’un décor » : entretiens avec Florian Cadiou, gérant de l’Hôtel du Nord, Anne Seibel, cheffe décoratrice de cinéma et Didier Naert, architecte, décorateur et beau-fils d’Alexandre Trauner (23′)

Bande-annonce originale (4′)

FICHE TECHNIQUE

Scénario : d’après le roman d’Eugène Dabit.
Adaptation : Henri Jeanson, Jean Aurenche.
Dialogues : Henri Jeanson.
Images : Armand Thirard, assisté de Louis Née, Avignon, Felouse.
Assistants réalisateurs : Claude Walter, Pierre Blondy.
Montage : Marthe Gottié.
Décors : Alexandre Trauner.
Costumes : Lou Tchimoukov.
Musique : Maurice Jaubert.
Son : Marcel Courmes.
Interprètes : Annabella (Renée), Arletty (Mme Raymonde), Louis Jouvet (M. Edmond), Jean-Pierre Aumont (Pierre), André Brunot (Émile Lecouvreur), Jane Marken (Louise Lecouvreur), Paulette Dubost (Ginette), Bernard Blier (Prosper), Raymone (Jeanne), Andrex (Kenel), François Périer (Adrien), Henri Bosc (Nazarède), Marcel André (le chirurgien), Génia Vaury (l’infirmière), René Bergeron (Maltaverne), Louvigny, Lurville.
Production : Joseph Lucachevitch (SEDIF).
Tournage : septembre 1938, studios Pathé-Cinéma, rue Francœur, et Billancourt.
Sortie : 10 décembre 1938, au Marivaux (Paris).
Durée : 95 minutes.

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SYNOPSIS

Dans un hôtel proche du canal Saint-Martin, un jeune couple vient louer une chambre pour s’y donner la mort. Dans une des autres chambres, une fille et son « mac »…
Autour de l’hôtel et du canal, de nombreux personnages riches en couleur se croisent et participent à l’atmosphère de ce quartier pittoresque de Paris.

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REVUE DE PRESSE

CANDIDE, 21/12/1938 (Jean Fayard)
Marcel Carné, révélation récente du cinéma français, n’a pas encore donné son chef-d’œuvre. Quai des Brumes était certainement son film le plus intéressant. Mais on pouvait faire quelques réserves quant au sujet et à certaines erreurs de détail. On attendait avec beaucoup d’impatience Hôtel du Nord, film qu’il devait tirer d’un roman populiste d’Eugène Dabit. Disons-le aussitôt, Hôtel du Nord fait honneur à la production française. Les images ont été prises par un paysagiste à la Utrillo, capable de tirer de la poésie des horizons urbains les plus sordides. L’intrigue a beau se dérouler, en partie, parmi les gens du milieu, on a évité les poncifs autour de ce sujet aussi détestable qu’usé. Et cependant, ce n’est pas la réussite totale, éclatante que nous attendions de Marcel Carné et qu’il nous doit. Je crois bien que le populisme est un genre faux et qui convient encore moins au théâtre et au cinéma parlant qu’au roman.
LE PETIT JOURNAL, 22/12/1938 (René Jeanne)
Mais pourquoi faut-il que de cette œuvre cinématographiquement remarquable, on emporte la même impression de gêne que de Quai des Brumes, impression qui nous vient de ce que, ici comme là, on ne nous présente que des échantillons de la plus triste, de la plus basse humanité ?
L’INTRANSIGEANT, 02/01/1939 (Marcel Achard)
Marcel Carné est un jeune maître. Sa mise en scène est une réussite extraordinaire. Elle a toute la poésie et toute la grâce, toute la morbidesse aussi de Quai des Brumes, avec je ne sais quoi de plus aéré, de plus humain, de plus vrai et de plus touchant […] Le dialogue de Jeanson est foudroyant. C’est le meilleur de tous ceux qu’il a faits jusqu’à ce jour […] En mettant en scène Arletty, Carné a prouvé qu’il avait aussi un très grand sens du comique […] Arletty… est géniale, tout simplement. Géniale. Et c’est peu dire.
ÉCHO DE PARIS, 18/12/1938 (René Bizet)
C’est un film d’atmosphère particulièrement réussi, dans cette manière minutieusement réaliste que nous connaissons en France à Jacques Feyder de Pension Mimosas, et en Amérique, à King Vidor de City Streets (sic) et à William Wyler de Rue sans issue.
L’INTRANSIGEANT, 20/12/1938 (René Lehmann)
C’est un très beau film… je crois bien qu’en coupant, çà et là, dans les dialogues surabondants, on arriverait à la perfection souhaitable. Si les personnages sont justes et vraisemblables, ils parlent trop et trop bien. Pagnol fait école.
LE FIGARO, 22/12/1938 (Jean Laury)
Ce décor baigné d’ombre, suintant, lézardé, qui se reflète en l’eau troublée du canal, est une sorte de cage d’écureuil où l’action tourne et retourne sur elle-même — remuant l’air sans jamais le renouveler. Pour créer l’atmosphère et meubler ce cadre dignement, on insiste sur le détail pénible, le mot gras, le geste touchant ou vulgaire […] Jean-Pierre Aumont […]  donne l’impression de croire à ce qu’il fait et ce jeu sincère qui met en vedette son rôle relativement court constitue le meilleur élément du succès du film.
LA LUMIÈRE, 23/12/1938 (Georges Altman)
Il n’y a, dans Hôtel du Nord comme dans Quai des Brumes, rien qui ressemble au sordide et au plat ; quand on parle d’amour, c’est vrai et c’est frais ; quand on rêve sur la vie, c’est dur et c’est mâle. Mais on parle, mais on se grise tant de paroles qu’elles finissent par se neutraliser et que le nostalgique, le pénétrant silence, le mystère populaire du canal Saint-Martin où Dabit avait mis toute la détresse urbaine, semblent les parents pauvres d’un film fait, avant tout, pour la dire en images, en son, en silence, et en brèves paroles essentielles.
LA CROIX, 25/12/1938 (Fauteuil 22)
Pour le fond, Hôtel du Nord est moins édifiant encore que Quai des Brumes et nécessite de plus sévères condamnations. Le réalisme de ce dernier film portait en soi une sorte de contrepoison à cause de sa dureté […] Hôtel du Nord nous livre une tranche de vie avec le beurre d’un fait divers […] Les dialogues d’Henri Jeanson sonnent faux dans la bouche d’acteurs qui ne sont pas à leur affaire.
L’ORDRE, 28/12/1938 (Paul Achard)
Ce qui se dégage de ce film, outre l’irrespirable atmosphère de cette sentine, c’est le talent considérable, le terrible talent de Marcel Carné […] C’est la mystique de la défaite, de la lâcheté, la négation de l’effort […] Bravo, bravo, Marcel Carné, vous avez battu votre propre record. Mais dites-vous qu’avec du talent, on ferait un film poignant sur les égouts de Paris.
LE JOURNAL, 21/12/1938 (Steve Passeur)
Hôtel du Nord est le dernier film que nos cinéastes pourront sortir, avant cinq ou six années, sur la pègre de Montmartre et du canal Saint-Martin. Il va falloir qu’ils trouvent une autre veine à exploiter… C’est un mélodrame ironique, angoissant, bien agencé, remarquablement cinématographié et joué d’une façon miraculeuse par M. Louis Jouvet et par Mlle Arletty.
L’ACTION FRANÇAISE, 30/12/1938 (François Vinneuil)
[…] nous avons vu ce pseudo-réalisme, ou ce naturalisme, régner sur le cinéma judéo-allemand d’après guerre, inspirer à un Pabst des tableaux parfois puissants, mais presque toujours au service d’une thèse stupide. Le jeune metteur en scène Marcel Carné est l’héritier le plus direct de cette école […] Avec le dialogue horriblement savonneux de Jeanson, les molles photos de Marcel Carné, nous restons à la surface de la plus banale des choses […] Mlle Arletty unique rayon de vie de tout le film […]
LA VOIX DES PARENTS, décembre 1964 (Henri Agel)
Tout comme mes jeunes confrères, je n’ai guère été bienveillant chaque fois que j’ai écrit un chapitre sur le cinéaste des Visiteurs du soir. Eh bien ! il ne faut jamais rien affirmer de façon catégorique. En présentant en ciné-club un des films les plus contestables de Carné (aggravé du dialogue de Henri Jeanson) Hôtel du Nord, je me suis senti partager l’intérêt de la plupart des garçons de dix-huit ou de dix-neuf ans qui venaient de découvrir le film. Bien sûr on trouve ici accumulé tout ce qui a fait vieillir les œuvres les plus célèbres de Carné comme Les Enfants du paradis : exhibition des vedettes, explication envahissante des personnages, artificialité du décor et de l’éclairage, parti pris de voir dans la condition humaine son aspect le plus morne et le plus désespérant. Mais ici comme dans Le jour se lève, ce sens de « l’atmosphère » si souvent critiqué par les railleurs, se développe avec une indéniable efficacité. Le fameux « réalisme poétique » de l’École française est envoûtant dans le décor de Trauner et les éclairages de Thirard. Le quartier du canal Saint-Martin a une dimension quotidienne et métaphysique, celle d’un univers asphyxiant où s’engluent les destinées humaines. Faut-il dire toute la vérité, telle qu’elle nous est apparue ce soir-là ? Ce décor urbain étouffant dont l’homme est prisonnier, nous a semblé annoncer avec vingt-cinq ans d’avance l’univers d’Antonioni. Est-ce à dire qu’Antonioni pourra sembler à certains en 1990, aussi désuet que Carné semble à la jeune critique ?

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STORY (english)

In Jean Queval. Marcel Carné. New index series n°2 – BFI. November 1950.

A destitute young couple, Pierre and Renée, spend the night at the Hôtel du Nord. They have decided to commit suicide. Pierre shoots at her, then lacks the courage to kill himself. He runs away. Renée is only injured, and will recover. After another vain attempt at suicide, Pierre gives himself up to the police. When Renée comes out of hospital, the hotel proprietress is kind to her and takes her on as a maid. In the hotel she grows fond, among other men who court her, of Edmond, a middle-aged man with a dubious past, enemies to avoid and a prostitute friend. Edmond and Renée go away together, but the girl suddenly leaves him and returns to the Hôtel du Nord. Edmond, who saw in her youthfulness a chance of salvation, now becomes indifferent to his fate and also returns to the hotel. His enemies shoot him dead in the room where Pierre and Renée had planned to commit suicide. Pierre himself has now been let out of prison ; he is reunited with Renée in the street filled with merry-makers on the 14th of July.

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COMMENTS (english)

In Jean Queval. Marcel Carné. New index series n°2 – BFI. November 1950.

Although popular, and full of incidental virtues — some witty dialogue, the street dancing scenes at the end, the banquet of the première communion at the beginning, the effectively handled sequences in the jail — the uneven, anecdotal story weakens the impact of the film. One well understands why Carné liked the idea of filming Eugène Dabit’s simple tales of simple people, collected as a novel by taking place in a cheap hotel by the canal Saint-Martin. As a matter of fact, Dabit was the son of the proprietors of the Hôtel du Nord, which still exists. The sets were modelled on it, and Dabit’s parents visited the studios. As well as the fascination of the popular districts of Paris, the book offered the possibility of unveiling the charm of the canal and its surroundings, often ignored by Parisians themselves. The method, too, was naturalistic. So one is tempted to think that Carné sought a subject reminiscent in more ways than one of Nogent. But a story and a theme were necessary if the film was to approach, say, Quai des Brumes : Dabit only supplied anecdotes. Carné himself fully realised that, and shortly after the film had been released he wrote in Cinémonde, Christmas, 1938 :
« In spite of its density and incomparable atmosphere, it must loyally be recognised that the book offered very difficult material for a film because it was too fragmentary. The tone of the work, besides, was rather discouraging, since it presented a théâtre libre or roman populiste aspect which did not entirely please me. One had to find a central situation, a dramatic knot, a line, a progression, which, while preserving the strange canal atmosphere, would introduce a popular and sentimental interest. » Carné explains that this was done by Jean Aurenche : to Henri Jeanson he attributes only the dialogue. This is worth mentioning, since the credits mention the screenplay as being by both writers. Of Aurenche’s adaptation, he writes : « One could imagine nothing better than a fait divers for a work entirely devoted to une suite de choses vécues. »

One can only approve of Carné’s fairness towards his collaborators, and the principle of the fait divers (the young couple’s attempted suicide) was certainly appropriate. The story, nevertheless, is unsatisfactory. One is left wondering, in fact, why the experiment was made at all, for Dabit’s sober observation, undertones and grey characters are worlds apart from the characters in the film.

This is further aggravated by Jeanson’s dialogue. Jeanson, the wittiest and most irresponsible French journalist, is preoccupied with providing witticisms for all and sundry. Jouvet, who always enjoys delivering Jeanson’s repartees (as can notably be perceived in Entrée des artistes) managed it with an accustomed brilliance that rather added to the film ; but from a dramatic standpoint his performance as an oddly travelled, kept man, was undefined. To a lesser extent, the same applies to Arletty’s truculent portrayal of the prostitute. These two characters provided one half of the story. The other half was rather more convincing in treatment, though the charming couple made of Annabella and Jean-Pierre Aumont suffered from the exuberance of Arletty’s and Jouvet’s unapproachable cleverness. The relationship between both stories remained thin and artificial, despite the eagerness of the scriptwriters to send each character into a number of wrong beds and involve them in contrived happenings.

The most striking performance of all in this film in which everybody seems eager to go his own way, is, perhaps, by Trauner’s sets. These reconstructed the canal Saint-Martin and its banks in a pleasant, synthetic manner. There was no doubt that Carné, who had begun by shooting on location, and who had headed an article in his earlier days, « Il faut que le cinéma descende dans la rue » had reversed his aesthetics. His remarks quoted on Quai des Brumes, and his views expressed later, are evidence of this. He now felt that he could not make any creative effort worthy of himself unless he could compose his images and plan his camera movement with a complete peace of mind — that is, in the studio. This emphasis on building naturalistic sets, in spite of the uncertain economic condition of the French cinema, was to play him one bad trick at least (in Les Portes de la nuit). Perhaps the haste and turmoil of French film-making interfered with Carné’s work on this occasion. Whatever the reason, Hôtel du Nord is a case of a director overwhelmed by his scriptwriters’ personalities.

« Jouvet is very good ; he could have been unforgetable, but he believed neither in his character nor in the success of the film, and this is felt at times. » (Serge Veber, Pour Vous, December 21, 1938.)
« The film is well constructed. lt has breadth, rhythm, and holds the interest. Perhaps one does not like to hear the truth from a faithful friend, but, believe me, Carné, your talent is worthy of sounder and more sincere subjects. » (Maurice Bessy, Cinémonde, December 28, 1938.)
« Hôtel du Nord has been underrated… It is a beautiful film in a minor key. The early scene, where Aumont and Annabella discuss their suicide in the hotel bedroom, the suggestion that he is privately unwilling, his nerve may fail him, is conveyed with exquisite subtlety and indirectness… The back­grounds are as poetic as they are real. The small, bare interiors, the prison sequences with the faces of Aumont and Annabella seen from either side of the grill, criss-crossed by its shadow, and the little banlieue that springs to life­a canal with a tow-path, high bridge and lock, a cobbled street with tall, shuttered houses. » (Gavin Lambert, Sequence, Spring, 1948.)
After Hôtel du Nord, Carné worked on the shooting script of a new Prévert scenario, La Rue des vertus, which was a gangster story. He decided to abandon it, feeling this type of subject was overworked at the moment.

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AFFICHE

Une affiche d’Hôtel du nord (240x320cm)

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Photographie rare de Jean-Pierre Aumont

Jean-Pierre Aumont

Cette photographie provient de la collection personnelle du photographe et collectionneur Michel Giniès.

Avec son aimable autorisation.

Tous droits réservés (c)

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Extrait du tapuscrit original (collection Jean-Pierre Jeunet)

Pour plus de renseignements, voir ici.

Avec l’aimable autorisation de Jean-Pierre Jeunet.

La fameuse scène entre Arletty et Louis Jouvet : Atmosphère, atmosphère…

Cliquez sur les photos pour les voir en plus grand.

 

 

 

 

Gouache d’Alexandre Trauner pour le décor d’Hôtel du nord.

l’affiche original d’Hôtel du nord.

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LIENS

1 – La page consacrée au film sur le site incontournable DVDTOILE.
2 – La fiche DVD sur le site DVDFR.COM.
3 – L’excellente chronique du film + DVD sur le site DVDCLASSIK.
4 – Une critique du film sur le site TELEDOC.
5 – La chronique en anglais du DVD sur le site incontournable DVDBEAVER (english review).
6 – La chronique en anglais du film sur le site SIGHT&SOUND (english review).
7 – Un extrait du film sur le site DAILYMOTION.
8 – La chronique en anglais du DVD (MK2) sur le site DVDTIMES (english review).
9 – La chronique en anglais du DVD anglais (Soda Pictures) sur le site DVDTIMES (english review).
10 – La chronique en anglais du DVD sur le blog de JONATHAN MILLER (english review).
11 – Une belle chronique du film sur le blog À la poursuite du vent.

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BANDE-ANNONCE (Dailymotion)

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Interviews doublées en anglais de Marcel Carné, de Alexandre Trauner & Jean-Pierre Aumont s’exprimant en anglais plus une autre de Georges Franju sous-titré en anglais.

Ces interviews portent sur Hotel du Nord et Le Jour se leve.

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