Jean Gabin

filmographie illustrée (selective) de Jean Gabin

 

Filmographie sélective illustrée de Jean Gabin parue dans le numéro 1423 de la revue Cinémonde le 14 novembre 1961 ainsi que dans Cinérevue n°40 le 07 octobre 1971.

1 – Vous pouvez lire par ce lien direct l’article paru dans Cinérevue illustrant cette filmographie illustrée.
2 – Vous pouvez lire par ce lien direct l’article de Cinémonde illustrant cette filmographie illustrée.

1930 : Chacun sa chance
de Hans Steinhoff et René Pujol

 

1932 : Cœur de lilas
d’Anatole Litvak

 

1931 : Gloria
d’Hans Behrendt, Yvan Noé

 

1932 : Les Gaietés de l’escadron
de Maurice Tourneur

 

1932 : La Belle Marinière
d’Harry Lachmann

 

1933 : L’Étoile de Valencia
de Serge de Poligny

 

1933 : Adieu les beaux jours
de Johannes Meyer et André Beucler

 

1933 : Le Tunnel
de Kurt Bernhardt

 

1933 : Du haut en bas
de Georg Wilhelm Pabst

 

1934 : Zouzou
de Marc Allégret

 

1934 : Maria Chapdelaine
de Julien Duvivier

 

1935 : Golgotha
de Julien Duvivier

 

1935 : Variété
de Nicolas Farkas

 

1935 : La Bandera
de Julien Duvivier

 

1936 : La Belle Équipe
de Julien Duvivier

 

1936 : Les Bas-Fonds
de Jean Renoir

 

1937 : Pépé le Moko
de Julien Duvivier

 

1937 : La Grande Illusion
de Jean Renoir

 

1937 : Le Messager
de Raymond Rouleau

 

1937 : Gueule d’amour
de Jean Grémillon

 

1938 : Quai des brumes
de Marcel Carné

 

1938 : La Bête humaine
de Jean Renoir

 

1939 : Le Récif de Corail
de Maurice Gleize

 

1939 : Le jour se lève
de Marcel Carné

 

1941 : Remorques
de Jean Grémillon

 

1942 : La Péniche de l’amour
de Archie Mayo

 

1944 : L’Imposteur
de Julien Duvivier

 

1946 : Martin Roumagnac
de Georges Lacombe

 

1947 : Miroir
de Raymond Lamy

 

1949 : Au-delà des grilles
de René Clément

 

1950 : La Marie du port
de Marcel Carné

 

1951 : Pour l’amour du ciel
de Luigi Zampa

 

1951 : La Nuit est mon royaume
de Georges Lacombe

 

1952 : La Vérité sur Bébé Donge
de Henri Decoin

 

1952 : Le Plaisir
de Max Ophuls

 

1952 : La Minute de vérité
de Jean Delannoy

 

1953 : Leur dernière nuit
de Georges Lacombe

 

1954 : Touchez pas au grisbi
de Jacques Becker

 

1954 : L’Air de Paris
de Marcel Carné

 

1955 : French Cancan
de Jean Renoir

 

1955 : Razzia sur la chnouf
de Henri Decoin

 

1955 : Chiens perdus sans collier
de Jean Delannoy

 

1955 : Gas-oil
de Gilles Grangier

 

1956 : Des gens sans importance
de Henri Verneuil

 

1956 : Voici le temps des assassins
de Julien Duvivier

 

1956 : La Traversée de Paris
de Claude Autant-Lara

 

1957 : Le Cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois

 

1957 : Le rouge est mis
de Gilles Grangier

 

1958 : Les Misérables
de Jean-Paul Le Chanois

 

1958 : Maigret tend un piège
de Jean Delannoy

 

1958 : Le Désordre et la nuit
de Gilles Grangier

 

1958 : En cas de malheur
de Claude Autant-Lara

 

1958 : Les Grandes Familles
de Denys de La Patellière

 

1959 : Archimède le clochard
de Gilles Grangier

 

1959 : Maigret et l’affaire Saint-Fiacre
de Jean Delannoy

 

1959 : Rue des prairies
de Denys de La Patellière

 

1960 : Le Baron de l’écluse
de Jean Delannoy

 

1960 : Les Vieux de la vieille
de Gilles Grangier

 

1961 : Le Président
de Henri Verneuil

 

1961 : Le cave se rebiffe
de Gilles Grangier

 

1962 : Un singe en hiver
de Henri Verneuil

 

1963 : Mélodie en sous-sol
de Henri Verneuil

 

1964 : Monsieur
de Jean-Paul Le Chanois

 

1964 : L’Âge ingrat
de Gilles Grangier

 

1965 : Le Tonnerre de Dieu
de Denys de La Patellière

 

1967 : Le Soleil des voyous
de Jean Delannoy

 

1968 : Le Pacha
de Georges Lautner

 

1968 : Le Tatoué
de Denys de La Patellière

 

1969 : Le Clan des Siciliens
de Henri Verneuil

 

1970 : La Horse
de Pierre Granier-Deferre

 

1971 : Le Chat
de Pierre Granier-Deferre

 

1971 : Le drapeau noir flotte sur la marmite
de Michel Audiard

 

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1 – L’article de Cinérevue (n°40, 1971) illustrant cette filmographie illustrée

Les immortels du cinéma, Jean Gabin, increvable et tellement fascinant par J.V Cottom

 

« Je suis monté sur les planches à contre-coeur, j’ai tourné mes premiers films sans enthousiasme, sans espoir. A présent ça y est : je suis mordu… »

 

Celui qui parlait ainsi quelques années avant la guerre, c’était Jean Gabin. Précisément, à l’époque où, sorti de l’ornière de rôles indifférents, découvert par Julien Duvivier, Jean Renoir, Marcel Carné, il faisait des films de qualité comme « Les Bas-Fonds« , « Pépé-le-Moko« , « La Grande Illusion« , « Quai des Brumes« , « La Bête Humaine« , « Le jour se lève« . Il fallait, en somme, des sujets solides pour appâter celui qui n’était pas encore le tout grand Jean Gabin, simplement un comédien entré dans le métier sans réelle vocation, plutôt pour faire plaisir à son père, comédien qui désirait ardemment voir ce fils, plus attiré par le sport que par les planches, marcher sur ses traces.

 

Il est d’ailleurs aussi instructif qu’amusant de relire certaines de ses déclarations de l’époque où il essayait de se faire une place au soleil : « Je rêve de la terre… j’aime tous les bestiaux… ayant horreur du bruit, je fuis le monde… je n’aime pas me lier… on pense que je ne m’exprime qu’en argot, ça m’agace au plus haut point…« . Il n’a pas tellement changé, vivant aujourd’hui plus que hier dans une tour d’ivoire. Le comédien le plus insociable de la corporation, a-t-on prétendu. A vrai dire, tout simplement fidèle à son idéal de toujours. Rares sont ceux qui le connaissent vraiment. C’est pourquoi tant de légendes ont été accolées à son nom, la plupart absurdes ou surfaites.

 

Il n’est pas entre dans le métier d’un cœur léger, plutôt contraint et forcé par son père, nous l’avons dit. Cela s’est fait un jour que papa Moncorgé — le vrai nom de Jean Gabin — emmena son rejeton aux Folies-Bergère. Dont le directeur était Fréjol, vieux copain du père. Qui emmena Jean en coulisses, le présenta à Fréjol en disant : « Tiens, voici mon fiston. Il aimerait faire du théâtre, peux-tu l’aider ? Si tu arrive à en faire quelque chose, tu auras du mérite. Moi, j’y renonce…« . Pris à l’improviste, Jean réagit mal, accepta de devenir figurant dans une revue dont les répétitions allaient commencer. Le pied pris dans l’engrenage, il continua, tâta du music-hall, du tour de chant, de l’opérette. En 1930, le parlant qui avait besoin de nouvelle recrues venant du theâtre, sachant dire un texte ou interpréter une chanson, l’annexa.

 

A 67 ans, il peut s’enorgueillir d’un beau palmarès : 87 films. Entier et clairvoyant, il dit : « D’une bonne dizaine, je suis assez satisfait. Le reste, c’est du beefsteak qui m’a fait vivre…« . Chaque année, on s’attend à ce qu’il déclare forfait puisque, depuis longtemps, il n’a plus besoin de travailler. Chaque année néanmoins, il y a un nouveau Gabin sur les écrans. Nouveau par la forme ou par l’histoire, pas par l’interprète dont certains ont dit en ricanant : « Il ne cesse de ressasser son numéro, toujours le même…« . Mais il n’y a qu’un Gabin comme il n’y aura jamais qu’un Jouvet, qu’un Harry Baur. Qu’importe à la masse que les grands de la profession, et Jean Gabin est impressionnant de grandeur, refassent sans cesse leur numéro sans y changer grand-chose : le public va au spectacle pour voir qui l’impressionne, le séduit, le captive. Et les films de Gabin sont suffisamment bien construits pour obliger les gens à se déranger. Voilà des années qu’ils font beaucoup d’argent.

 

Depuis longtemps maintenant, il vit heureux à la campagne. A ses côtés, Dominique Fournier, sa troisième femme, mère de ses trois enfants. Il sort rarement de sa retraite dorée, parfois encore pour assister à un festival, néanmoins quasi indifférent aux vanités du monde, tellement blasé que, réaliste avant tout, le cinéma ne semble même plus avoir pour lui le parfum de l’aventure. Alors pourquoi continue-t-il à en faire ? « Pour gagner davantage d’argent » laisse-t-il tomber froidement. Car il n’a jamais craint de caresser à rebrousse-poil.
Pourquoi se gênerait-il?

 

 

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2 – L’article de Cinémonde (n°1423 daté du 14 novembre 1961) illustrant cette filmographie illustrée.

Henri Rode et José Bescos vous racontent en images la carrière de Jean Gabin.

A 57 ans, Jean Gabin représente, à coup sûr, la gloire la mieux établie du cinéma français ; une gloire que, certes, il n’a pas acquise par des complaisances mais par la plus authentique, la moins fabriquée des personnalités. Cette personnalité est même écrasante et correspond au physique de l’acteur, qui tient du minéral et du bronze. Déjà, il y a trente ans – après des débuts, ô surprise, aux Folies-Bergère et au Vaudeville dans une revue de Rip (il est vrai que son père etait chanteur-comédien) – Gabin inaugurait une forme de jeu qui n’est qu’à lui : un plissement de la lèvre, un mot murmuré, un sourire qui effleure la commissure et le regard : c’était du tout cuit, il avait gagné. Seul « effet » dans son jeu qui n’a pas d’âge, les colères subites, la violence qui éclate en bombe : il les exigea. Jean Grémillon, qui le dirigea plusieurs fois, put déclarer de lui après « Remorques » : « Gabin, c’est un « comble »… le comble du naturel !« .

Et il fut naturellement, dès ses débuts devant la camera, une bête de cinéma ; celle dont la race ne laisse pas de doute sur elle. Chacun vanta très tôt so conscience, sa probité, son horreur des « bavures » de toute sorte. Mais, certes, au temps lointain de « La Bandera » , de « Pépé-le-Moko », de « Gueule d’amour », il était moins renfermé, succinct, sibyllin qu’aujourd’hui. Son physique était encore celui d’un beau garçon du peuple, cascadeur, cavaleur, aux yeux couleur de ciel et à la tête de cabochard.

Très tôt, il épousa une comédienne plaisante : Gaby Basset (qui fut sa partenaire) , mais, par contraste, ses goûts sentimentaux le portèrent vers des femmes aux allures de sirène : Mireille Balin, Michèle Morgan, Marlène Dietrich, Maria Mauban (notez qu’elles ont, toutes, des prénoms en « M » . Ses amis, eux, portaient des noms bien connus de Vanel, Gabrio, Carné, Luguet, Rouleau, Dalio, Edwige Feuillere, Blanchot, Grémillon, Lacombe : tous ceux-là lui ont rendu hommage et, s’ils ont reconnu son caractère un peu rugueux, ont aussi déclaré leur grande estime à son égard. Mais que disait-il, lui, de son succès basé sur un physique attrayant de gosse de Paris : « Mon père aussi, on l’appelait « le beau Gabin » Moi, je sais que, plus tard, je jouerai les pères nobles, les avocats, les notoires. Et j’essaierai de ne venir au studio qu’une semaine, dans le courant du film. Je vivrai à la campagne, avec les poules, couché avec elles, levé en même temps que les coqs. J’aurai un ventre confortable et je pêcherai à la ligne. Quant aux interviews, je les donnerai volontiers à Paris ».

Gabin prévoyait juste, en ce qui concerne la campagne : il a acquis une fort belle ferme (« La Moncorgerie », son véritable nom étant Moncorget…) , près de L’Aigle, dans l’Orne. Mais il déteste de plus en plus les reporters. Avec le temps et une recrudescence de succès — il est l’acteur français le mieux payé, après Brigitte Bardot — son côté taciturne s’est affirmé. Trente ans de studios et de fréquentations d’acteurs n’ont pas tué le sauvage qui, dès le départ, était en lui. Il a cette opinion :
« Mon métier, figurez-vous, c’est de faire du cinéma et non d’indiquer la marque de mon dentifrice et de pâte à raser aux petites journalistes en mal de copie ! ». Si l’une d’elle l’attrape ou vol, il ne répond que par des grognements. Est-il moins sympathique pour cela ? Disons qu’il est… lui-même, toujours et sans affectation. Sa seule hâte, sur les plateaux, est d’avoir termine sa besogne (qu’il fait bien) et d’aller rejoindre sa famille à la « Moncorgerie », où ses prés et ses vaches — florissants — l’attendent. Avec ses voisins de la-bas, il sait être serviable. Recevoir la Légion d’honneur l’a flatté. « Mais je ne l’aurais jamais demandé, a-t-il dit. Jusqu’ici, je m’étais contenté de la Médaille militaire et de la Croix de guerre… »

De l’argent qu’il gagne (autant qu’il veut…) il fait, en premier, bénéficier sa femme qui fut mannequin et qui a la blondeur, la finesse qu’il apprécie, ses filles Florence — 12 ans — Valérie — 9 ans — et le petit Mathias qui n’a pas 6 ans. « Pour eux, dit-il, j’aimerais bien venir jusqu’à 100 ans. » Et quand il parle des siens, après soixante-dix films, il est illuminé de cette expression dont Jean Delannoy a parle à son sujet : « Il y a, dans l’oeil de ce monstre sacré, une fraicheur qui ne trompe pas et, quand il faut, une bonté — je pense à « Chiens sans collier » — qui est peut-être le seul sentiment qu’un acteur ne puisse exprimer sans l’éprouver… »

 

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